François-Noël Buffet auditionné par la mission Outre-mer à l'Assemblée Nationale
Face à la délégation Outre-mer, François-Noël Buffet a longuement répondu aux questions des députés. Durant trois heures, le ministre a évoqué un large éventail de sujets.
Le ministre des Outre-Mer François-Noël Buffet a fait son premier grand oral face aux députés ultramarins ce jeudi. Après sa première audition en commission des Lois la veille, principalement sur le budget, le locataire de la rue Oudinot a cette fois été interrogé plus en profondeur sur les dossiers qui concernent nos territoires.
Prônant une méthode de dialogue et fixant comme priorité la création de valeur, le ministre a fait quelques annonces. Il s'est notamment opposé à l'amendement prévoyant la suppression de la TVA sur les produits de première nécessité, qui a été voté dans l’hémicycle.
Ce qui laisse supposer que cette disposition sauterait lors d'un éventuel recours au 49-3, même s'il ne ferme pas définitivement la porte à cette idée
Ce n'est pas une petite affaire. En toute sincérité, je vous parle très librement là-dessus, à la faveur d'un amendement, c'était un peu compliqué quand même à faire, je n'y suis pas très favorable. Mais je pense en revanche que dans le cadre d'une démarche beaucoup plus large sur la restructuration du modèle économique, de la manière dont on aborde la vie chère dans nos territoires ultramarins, on devra aborder en partie cette question. Je dis qu'aujourd'hui, ce n'est pas jouable. Je dis cependant que dans la discussion générale que moi, je vais ouvrir très, très vite après la période du budget sur la vie chère au sens large du terme, sur la structuration du coût de la vie dans nos Outre-Mers, on abordera tous les dossiers. Mais de là à dire que la suppression totale de la TVA sur l'ensemble des Outre-Mer, sincèrement, ce n'est pas jouable par voie d'amendement et même sur le principe, je ne sais même pas si c'est jouable, je ne crois pas. En revanche, il y a sûrement des équilibres à trouver
Rendez-vous sur la vie chère
Sur la question de la vie chère, ce dernier a notamment suggéré l'organisation d'un rendez-vous “Oudinot”, comme avait pu le faire son prédécesseur Jean-François Carenco en novembre 2022
Je rêve d'un Oudinot de la vie chère, pour qu'effectivement, on pose tout sur la table et qu'on regarde tout ce qui se passe, la fiscalité, tous les sujets qui font que 40% d'écart avec la Martinique et à peu près autant sur les autres territoires, c'est une problématique majeure. Je ne suis pas convaincu qu'on arrive à une paralité absolue avec l'hexagone, mais tout de même, on doit quand même se poser des questions de fond. Et oui, je rêve d'un Oudinot de la vie chère.de je veux le mettre en place. L'objectif, si c'est ça, c'est de ne pas préempter les conclusions d'avance en disant faire comme ça, comme ça. C'est vraiment laisser la place à la discussion et que tous les acteurs puissent participer
Gestion de l'eau
Vie chère, continuité territoriale, chlordécone, sargasses... Tous ces dossiers ultramarins centraux ont été abordés ce jeudi soir. La problématique de l'eau figurait aussi au programme. Sur ce sujet, François-Noël Buffet a prôné l'efficacité :
On devrait rechercher sur ce sujet-là une efficacité beaucoup plus grande dans la réalisation des projets qui sont prévus maintenant depuis plusieurs années dans la gestion de ce qui est un élément vital. Et donc, moi, l'engagement que je prends, c'est que bien sûr qu'il faut qu'il y ait le budget, mais qu'on trouve le moyen d'être beaucoup plus efficace dans la gestion de l'eau. On ne peut pas prendre autant de retard, c'est absolument fondamental. C'est d'ailleurs assez extravagant qu'on en soit là, on va essayer d'aller le plus rapidement possible, mais surtout le plus efficace possible dans l'exécution des projets tels qu'ils ont été prévus
Méthode de travail
Sur la question de la méthode de travail, François-Noël Buffet entend fixer des objectis à moyen et long terme appuyés par une planification
Vous savez tous que la conséquence de la programmation, c'est les financements qui vont avec. En tous les cas, moi, je suis pour qu'il y ait une contractualisation, mais une forme de planification, un document de planification. Après, il prendra la forme juridique qu'il le faudra avec les conséquences juridiques qu'il le faut, mais il faut s'inscrire dans le moyen-long terme. Sinon, on n'y arrivera pas. Si on ne s'inscrit pas dans le moyen-long terme, on se retrouve toutes les années dans la situation dans laquelle on en est aujourd'hui. Et je pense qu'on est objectivement au bout d'un système. Donc, on est au bout d'une méthode ou d'une façon de faire, je ne sais pas. Mais il faut s'inscrire dans cette logique-là
Valse des ministres
Le locataire de la rue Oudinot s'est aussi exprimé sur la valse des ministres des Outre-mer au cours des 7 dernières années. Un poste qui selon lui requiert une certaine stabilité.
Je suis conscient qu'effectivement, les années passées ont été marquées par un rythme sans doute inadapté dans la série des ministres en charge des Outre-Mer. Je suis intimement convaincu que ce ministère mérite de la stabilité et donc, autant que faire se peut, des ministres qui durent. Je suis aussi conscient de ma propre situation quant à la durabilité des fonctions que j'occupe et indépendamment de ma propre personne, je dois être le septième ministre depuis 2017. C'est un problème, il faut dire les choses telles qu'elles sont. Mais en même temps, je suis plutôt satisfait, à l'occasion de ce gouvernement, que ce ministère important soit devenu de plein exercice et rattaché évidemment au Premier ministre. Ça, c'est un point qui me paraît essentiel