Abolition de l'esclavage par la République, Darmanin persiste
Gérald Darmanin persiste et signe. “La République a aboli l'esclavage par deux fois” a martelé le Ministre de l'Intérieur et des Outre-Mer ce mardi à l'Assemblée Nationale lors de la séance de questions au Gouvernement, provoquant une virulente passe-d'armes avec les députés ultramarins.
Ni excuses, ni regrets.
Ce mardi à l'Assemblée Nationale, lors de la traditionnelle séance de questions au Gouvernement, le Gérald Darmanin a été prié de s'expliquer sur ses propos tenus jeudi dernier lors du colloque “Les Outre-Mer aux Avant-Postes”, organisé par le journal Le Point.
S'exprimant sur l'adoption par la Martinique d'un drapeau spécifique, le Ministre de l'Intérieur et des Outre-Mer a déclaré : « Les Antilles ont été des colonies, mais pas de peuplement. Je rappelle que, contrairement à ce que l’on raconte (…), c’est la République française qui a aboli l’esclavage. La France a sans doute mis, dans des conditions extraordinairement difficiles, les populations colonisées dans des états désastreux, mais c’est la République qui a aboli l’esclavage. On leur demande d’aimer la République, pas toute l’histoire de France. »
Et d'ajouter : « Il y a, aux Antilles, en Guyane, un sentiment identitaire, de réaction, qui mérite d’être entendu mais pas comme la Nouvelle-Calédonie, parce que ce n’est pas la même histoire. »
Dans l'hemicycle du Palais Bourbon, Gérald Darmanin a maintenu son analyse devant des députés ultramarins agacés.
C'est l'Insoumis réunionnais Perceval Gaillard qui a ouvert les hostilités, réclamant des excuses :
L'ignorance est une chose, le mépris en est une autre. Ainsi, je vous le dis comme je pense, vous nous faites honte.
Gérald Darmanin de retorquer :
À vouloir faire des polémiques sur tout, on s'en disqualifie. Je constate d'abord que la lettre que vous avez bien voulu m'envoyer ouverte, n'a été signée que par les parlementaires de votre intergroupe et que les autres députés ultramarins ont bien compris que par deux fois la République a aboli l'esclavage. Ce qui ne retire évidemment en rien le combat de ceux qui, esclaves ou non esclaves, ont voulu combattre ce crime contre l'humanité.
Le communiqué en question a portant bien été signé par Les Liots : Olivier Serva et Max Mathiasin. La réponse du Ministre a donc irrité ce dernier, descendant d'esclaves, comme il s'est décrit dans l'hémicycle.
C'est vous qui polémiquez lorsque l'on vous dit aujourd'hui que l'abolition de l'esclavage, c'est aussi et surtout la lutte des esclaves qui n'ont jamais accepté ce système.
Le Ministre Darmanin ira jusqu'à comparer la lutte des hommes soumis et celle des Lumières qui ont soutenu ce processus. De quoi déclencher une nouvelle question de la députée réunionnaise Karine Lebon.
Ce sont bien les esclaves eux-mêmes qui, par leurs combats, ont rendu leur libération inévitable. Oserai-je vous rappeler qu'à l'abolition, des dédommagements ont été octroyés aux colons ?
Réponse du Ministre :
Je pense qu'on peut être fiers d'être membre de la République Française. Mais attention, Madame la Députée [Karine Lebon], à ne pas faire du révisionnisme à l'envers, justement. Donc oui, je suis fière, Madame, que ce soit le régime que j'aime, la République Française qui a mis fin à ce crime contre l'humanité.