Rodrigue Petitot, le président du RPPRAC, condamné à 10 mois de prison ferme aménageables
Le procès de Rodrigue Petitot devant le tribunal correctionnel de Fort-de-France, s'est tenu toute la journée, ce lundi 2 décembre. À l'issue de leur délibéré, les juges l'ont déclaré coupable « d'actes d'intimidations et de menaces envers des élus ». La peine est aménageable, avec un bracelet électronique.
À l'issue d'une journée d'audience, Rodrigue Petitot a été reconnu coupable des faits qui lui étaient reprochés. À savoir : « actes d’intimidations et menaces envers des élus ».
Après un délibéré de 2h, les juges l'ont condamné à une peine de 10 mois de prison ferme, avec une possibilité d'aménagement avec un bracelet électronique, demandée par le président de l'audience. Le juge d'application des peines a 5 jours pour le placer sous une mesure de surveillance électronique.
Rodrigue Petitot, lui, a 10 jours pour faire appel. Il est maintenu ce lundi soir en détention provisoire au centre pénitentiaire de Ducos.
Le tribunal a rejeté l'ensemble des nullités soulevées plus tôt dans la matinée par les avocats de la défense.
Interpellé jeudi dernier, Rodrigue Petitot était jugé depuis ce matin, 8h, pour « actes d’intimidations et menaces envers des élus ».
La justice lui reproche des propos tenus lors d’une Vidéo Live sur TikTok, diffusée mardi dernier, alors qu’il se trouvait en face du commissariat de police de Fort-de-France, en soutien à un proche entendu à l’intérieur de l’hôtel de police.
Des soutiens présents
Ce lundi, tout au long de la journée, le blocage d’une partie du Boulevard Général de Gaulle à Fort-de-France et la vague rouge qui l’occupait face au tribunal judiciaire ont témoigné du soutien apporté au président du RPPRAC (Rassemblement pour la Protection des Peuples et des Ressources Afro-Caribéennes).
Les militants ont affiché leur solidarité aux sons des conques de lambi et de tambours. Plusieurs centaines de personnes ont scandé « Libérez le R » pendant tout le procès. Ce qui a parfois perturbé la bonne tenue de l’audience.
Les faits examinés en début d'après-midi
Après les requêtes en nullité déposées le matin par les avocats de la défense, les juges qui ont joint leur délibéré au fond du dossier, ont réellement examiné les faits en début d’après-midi.
Ils ont commencé par lire la retranscription des propos tenus dans la vidéo de Rodrigue Petitot. Un courrier, sous la forme d’un article 40 du préfet, a également été lu. Tout comme le communiqué du maire de Saint-Joseph, Yan Monplaisir. Aucun maire, ni l’association des maires, malgré la condamnation des propos, ne s’est constitué partie civile.
Rodrigue Petitot s’est défendu en prenant la parole pour redonner le contexte. Selon le président du RPPRAC, son discours était purement et simplement politique, il n’était nullement question d’une attaque physique, ni de menaces ou d’intimidations.
Pour le prévenu, son discours « a fait peur car il pousse les élus à se bouger ».
Dès le début de son réquisitoire, le ministère public a souligné la légitimité du combat engagé pour la baisse des prix dans le cadre de la vie chère mais regretté la méthode.
Le procureur y voit un amalgame entre la cause et la façon de faire. Des infractions ont été relevées à travers les propos liés à l’injonction de fermer les mairies pour savoir dans quel camp se trouvent les élus et l’exigence de départ du préfet.
12 mois de prison requis
Pour les actes d'intimidations envers les élus, Rodrigue Petitot encourrait entre une peine qui va d’une amende à 20 ans de prison ferme car il est en récidive légale.
Le parquet a requis de 12 mois d’emprisonnement avec maintien en détention car il y a, selon lui, « un risque de réitération des faits puisque Rodrigue Petitot a encore des velléités contre les élus et représentants de l’État ».
Après une courte suspension, les trois avocats de La Défense ont démarré leur plaidoirie, alors que le président expulsait les gens dans la salle, les uns après les autres, pour garantir le calme.
« Procès politique », « prisonnier d'opinion » pour la Défense
Pour Maître Max Bellemare, il s’agit d’un « procès politique ». Il a demandé la relaxe de Rodrigue Petitot.
Même son de cloche pour Me Eddy Arneton, qui qualifie son client de « prisonnier d’opinion ».
Le Bâtonnier Georges-Emmanuel Germany a clôturé les plaidoiries de la défense. Il a brossé un portrait de Rodrigue Petitot qui s'est lancé dans ce combat contre la vie chère. « Ce n’est pas un citoyen comme les autres ? », interroge-t-il. « Il ne fait que se mettre à la même hauteur, au même niveau que les élus ».
Rodrigue Petitot est le dernier à s'exprimer.
J'ai déjà trop fréquenté les tribunaux (Ndlr : 13 condamnations) mais ça m’a fait évoluer. Je suis rentré dans un combat et j'apprends sur le tas. Dans ma façon de parler, j'apprends de mes erreurs
Avec un ton sincère à la barre face au président, il a admis avoir fait une faute.
J'ai compris que le jeu, c'est de me faire passer Noël en prison. Mes idées (Ndlr : sous-entendu via le RPPRAC), je les porte fièrement
Il s'est dit fier du soutien qu'on lui porte et a assuré ne pas regretter sa façon de parler, « car, peut-être, je n'aurais pas eu ce soutien-là ».
Une condamnation sous tensions
Les juges se sont retirés pour délibérer, avant de rendre leur décision à 21h35. Rodrigue Petitot a été maintenu en détention ce lundi et est reparti au centre pénitentiaire de Ducos.
À l'extérieur du tribunal, la condamnation a été accueillie avec colère et dans une certaine tension.
Des jets de bouteilles ont été dirigés vers le palais de justice. Les forces de l'ordre ont riposté avec des jets de lacrymogènes.
Des vitres ont été cassées sur le côté du tribunal.