Nouvelle-Calédonie : 50 détenus attaquent l’État pour des conditions de détention jugées "indignes"

Par 22/10/2025 - 06:00

Cinquante prisonniers du principal établissement pénitentiaire de Nouvelle-Calédonie ont saisi la justice pour dénoncer des conditions de vie qu’ils estiment contraires à la dignité humaine. Le tribunal administratif de Nouméa a examiné ce mercredi 22 octobre leur recours en urgence, sur fond de surpopulation, d’insalubrité et de manque d’activités.

    Nouvelle-Calédonie : 50 détenus attaquent l’État pour des conditions de détention jugées "indignes"

Le Camp-Est, prison centrale de Nouméa, est une nouvelle fois au cœur d’une polémique sur les conditions de détention. Plusieurs détenus dénoncent un établissement surpeuplé et insalubre.

Face à cette situation, ils ont attaqué l'Etat dans un recours en urgence, examiné ce mercredi 22 octobre par le tribunal administratif de Nouméa.

“Une honte pour l’État de droit”

L’avocat des cinquante détenus, Me Charly Salkazanov, n’a pas mâché ses mots devant le tribunal.

La prison de Nouméa est une honte pour l'État de droit et la République”, a-t-il lancé en présentant une requête qu’il qualifie “d'inédite par le nombre de requérants et l'ampleur des dysfonctionnements”.

Selon lui, les atteintes à la dignité des détenus sont multiples et systématiques :

C'est une indignité (...) à quasiment tous les niveaux : des matelas au sol, un manque d'activité et puis des conditions d'hygiène déplorables.

Il décrit des conditions de vie extrêmes :

On parle de cellules où il n'y a quasiment pas de séparation entre les toilettes et le reste de la pièce, une obstruction complète de la lumière du jour, et des détenus qui sont contraints de végéter 23 heures par jour sur leur lit parce qu'il y a seulement une heure de promenade par jour.

Une surpopulation carcérale étouffante

Les chiffres présentés à l’audience confirment la situation alarmante : 146 personnes pour 81 lits dans la maison d’arrêt, et 556 détenus pour 397 places au total dans le centre pénitentiaire. Un ancien détenu, présent à l’audience, a raconté son expérience :

À un moment, on a été cinq dans ma cellule. Deux dormaient sur les lits superposés, un sous la table, un devant les toilettes et un autre devant la porte.

Les cellules mesurent à peine entre 10 et 13 m². Les prisonniers évoquent aussi la présence constante de nuisibles comme des "cafards, rats, souris", mais aussi des scolopendres, dont la piqûre est extrêmement douloureuse.

L’administration promet des améliorations

Face aux accusations, Diane Chevreau, directrice de l’établissement, a défendu l’action de son service.

Des campagnes d'éradication sont régulièrement menées”, a-t-elle assuré, rappelant que “depuis de précédentes condamnations, un plan pluriannuel de travaux a été mis en place.

Mais pour Me Salkazanov, ces promesses ne suffisent plus.

Le Camp-Est a fait l'objet de nombreux recours, mais jusqu'ici, on se concentrait sur le volet indemnitaire, pour des détenus sortis. Là, il s'agit de faire changer les choses.

L’avocat demande des mesures immédiates : la fin des matelas au sol, un meilleur accès aux soins, et des conditions d’hygiène décentes.

Le Camp-Est n’en est pas à sa première mise en cause. En 2011 et 2019, la contrôleuse générale des lieux de privation de liberté avait déjà dénoncé une “violation grave des droits fondamentaux”.

Le juge des référés rendra sa décision lundi prochain.


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