Assassinat et escroquerie : « On n'arrive pas à croire que Christelle est dans cette histoire »
Au premier jour du procès de Christelle C., guadeloupéenne jugée pour assassinat et escroquerie devant les Assises de Bobigny, sa mère est venue témoigner.
C'est timidement d'abord que Rose-Annette, emmitouflée dans sa parka noire à capuche, s'approche de la barre. La grand-mère est venue spécialement de Baie-Mahault pour ce procès où elle est citée. Quand la présidente l'invite à parler, les premiers mots sont pour exprimer une incompréhension. "Je trouve ça un peu bizarre qu'elle soit dans cette situation car elle n'a pas été élevée n'importe comment", insiste à plusieurs reprises la mère de Christelle C, laissant toutefois échapper des "coups de ceinture, comme toutes les mamans" dans l'éducation donnée à sa fille qu'elle décrit encore comme "aimée de tous", "bien vue dans la commune". "Jusqu'à maintenant, on n'arrive pas à croire que Christelle est dans cette histoire", s'interroge-t-elle.
"Après, quand on a un mari qui n'est pas très bien dans sa tête...", laisse rapidement planer Rose-Annette dans la salle d'audience. Pour celle qui s'occupe aujourd'hui en Guadeloupe de la fille adolescente de l'accusée, tout est en effet de la faute de son ex-gendre, avec qui elle n'entretenait pas de bons rapports. "Il a mis ma fille dans une situation qui n'est pas à elle, il ne va pas purger sa peine et c'est ma fille qui trinque", affirme-t-elle à la barre, souvent sur la défensive.
Une situation stable et équilibrée ?
Christelle C., née dans l'Hexagone, a grandi en Guadeloupe "choyée" "dans un foyer aimant, solide" selon l'enquêtrice de personnalité qui a aussi été entendue par la cour. D'après elle, la quadragénaire est parvenue dans l'Hexagone, où elle revient à l'âge de 19 ans, à avoir une "situation stable", après une scolarité marquée par deux redoublements et n'ayant débouché sur aucun diplôme. En région parisienne, elle devient ainsi adjoint de sécurité à Bobigny puis à la préfecture de police de Paris, après des expériences en restauration.
Sur sa vie sentimentale, Christelle C. lui a raconté une rupture douloureuse en Guadeloupe, sa nouvelle vie au moment des faits avec un compagnon avec qui elle habite depuis peu. Son mariage avec Richard Alexis, le père de sa fille rencontré en 2009 et épousé un an plus tard ? "Une relation qui s'est vite dégradée", selon ses déclarations à l'enquêtrice. A l'expert, elle a justifié leur rupture par des caractères "très différents" : lui "réservé, casanier, taiseux", elle "sociable, qui aime sortir". A aucun moment, Christelle C. ne lui aurait parlé de violences ou évoqué une emprise, selon la réponse de l'enquêtrice à la question d'une avocate de la partie civile. Ce que décrivait pourtant un peu plus tôt sa mère à la barre. "C'est lui qui commandait", "il nous empêchait de voir la petite, elle écoutait tout ce qu'il disait, je ne sais pas s'il y avait de l'emprise", a-t-elle notamment raconté.
La cour tentera jusqu'à mardi prochain de comprendre si Christelle C. est directement impliquée dans le meurtre de Jacques Sion, septuagénaire tué de plusieurs dizaines de coups de couteau et de marteau en janvier 2020, dans le pavillon de sa tante dont il aurait empêché la vente souhaitée par Christelle C. et son ex-mari Richard Alexis qui a revendiqué l'acte dans sa lettre de suicide, affirmant aussi qu'il l'avait commis seul. Mise en cause par les éléments d'enquête, Christelle C., qui reconnaît l'escroquerie de la tante de la victime mais nie l'assassinat, risque la réclusion criminelle à perpétuité.