Sur l'île de Saint-Martin, l'augmentation de la violence inquiète les autorités

Par 10/02/2025 - 16:05

Trois morts par balles, au moins cinq blessés et des touristes attaqués. Saint-Martin a été touchée en début d'année par une accélération de la délinquance qui préoccupe les autorités au point que des renforts de gendarmerie ont été annoncés.

    Sur l'île de Saint-Martin, l'augmentation de la violence inquiète les autorités

Deux morts et un blessé le jeudi, un mort et deux blessés le vendredi. Les 9 et 10 janvier, le territoire insulaire de 31 000 habitants était endeuillé par deux fusillades en moins de 48 heures, réveillant de vieilles inquiétudes.

« Il y a, à Saint-Martin, un usage des armes à feu qui est sans rapport avec ce qu'on connaît en Hexagone ou en Guadeloupe », alerte Xavier Sicot, procureur de Basse-Terre, en Guadeloupe, qui a compétence sur les collectivités françaises de Saint-Barthélemy et Saint-Martin.

Bon connaisseur du territoire, celui-ci alerte de longue date sur la prolifération des armes à feu sur l'île, partagée entre une partie française au nord et une partie néerlandaise au sud, Sint Maarten.

Selon lui, Saint-Martin se situe à un « tournant ». Et « si on n'arrête pas les choses, ça peut rapidement devenir très compliqué », assène-t-il.

Ces deux affaires, coup sur coup, ne sont pas les seules à avoir frappé l'île.

Dans la nuit du 5 au 6 janvier, un touriste américain a été grièvement blessé d'une balle au thorax à la sortie d'un restaurant d'un quartier touristique de l'île.

Le lendemain, un Canadien a été braqué et frappé en pleine rue, paroxysme d'une succession d'attaques à main armée.

La jeunesse des délinquants inquiète

En 2024, 123 vols avec arme ont été recensés sur l'île - territoires néerlandais et français réunis - par le parquet de Basse-Terre, soit le double de 2023.

La jeunesse des délinquants inquiète : 60 % des auteurs interpellés ont moins de 22 ans et 13 % sont mineurs, avec des cibles en évolution.

« Les braquages ne visent plus seulement les petits commerces, on s'en prend désormais à des individus isolés », dit Xavier Sicot, qui s'alarme aussi de la prolifération d'armes de guerre, comme des pistolets-mitrailleurs.

Depuis ce début d'année sanglant, la tension est un peu retombée à Saint-Martin. Mais un couple d'Espagnols circulant à scooter a été braqué le 25 janvier et le 28, un adolescent de 15 ans a été blessé par balle à la jambe par un homme avec qui il avait rendez-vous pour lui vendre 3 000 euros de chaînes en or, selon une source proche du dossier.

Des renforts attendus

Face à l'urgence, le préfet de Saint-Barthélemy et Saint-Martin, Vincent Berton, a annoncé lors d'une conférence de presse avoir demandé « des renforts d'enquêteurs de la police judiciaire afin d'être le plus rapide possible dans la réponse pénale ».

La gendarmerie, pour sa part, compte renforcer ses capacités avec l'appui d'une « unité d'intervention spécialisée" basée en Guadeloupe qui pourra être déployée à Saint-Martin, distant de 250 km.

« Nous sommes en train de voir pour pré-positionner du matériel ici. Nous réfléchissons également à des moyens plus lourds pour protéger nos militaires lorsqu'ils interviennent sur des fusillades », a affirmé à la presse le général Pierre Poty, nommé en janvier commandant de la gendarmerie outre-mer et venu dans la foulée à Saint-Martin.

Des agressions qui impactent le tourisme

Mi-janvier, les habitants ont tenté de reprendre la main à travers une marche blanche à l'initiative du président de la collectivité, Louis Mussington, qui a réuni quelques centaines de personnes.

« J'appelle à un sursaut démocratique et moral », déclarait-il en marge d'une conférence de presse avant la marche blanche, se disant « très inquiet par rapport à la situation que vit notre territoire en ce moment ».

Auprès de l'AFP, il préfère affirmer que « ces actes isolés ne sont pas représentatifs de notre île et de notre identité », assurant que « la réaction immédiate des pouvoirs publics a permis de retrouver le calme très rapidement ».

Car l'inquiétude est grande que ces successions d'agressions impactent le tourisme, moteur principal de la croissance à Saint-Martin, qui commence à peine à repartir après les ravages de l'ouragan Irma en 2017.

Le calme est fragile. Le 31 janvier, un nouveau braquage a eu lieu, rappelant que la menace est loin d'être écartée.


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