Les chefs d'entreprise ultramarins lassés de l'instabilité du gouvernement
Depuis 2022, quatre gouvernements se sont succédés, Borne, Atal, Barnier et après un été 2024 marqué par une dissolution de l'Assemblée Nationale, finalement le gouvernement Bayrou. Or, ce dernier, s'apprête lui-même a demander la confiance de l'Assemblée, que les oppositions disent déjà vouloir lui refuser. Une instabilité chronique qui a un impact fort sur les orientations économique des entrepreneurs ultramarins.
Les mines des entrepreneurs ultramarins présents à la rentrée du MEDEF sont sombres, un peu comme celles de leurs collègues de l'Hexagone. Le vote de confiance du Premier ministre promet une nouvelle période d'instabilité qui n'est pas bonne pour le climat des affaires.
À l’heure où devait s’ouvrir une période charnière pour l’économie ultramarine – entre lutte contre la vie chère, préparation des budgets et échéances de fin d’année –, le climat politique national brouille les perspectives. Un flou qui inquiète les acteurs économiques d’outre-mer. Pour Thara Govindin, présidente du Comité des Outre-mer du Medef, la valse des ministres devient difficile à vivre.
Tous les six mois, on fait des propositions. Et après, on change encore de gouvernement, on change de ministre, on change de tout. On ne sait pas réellement où on va.
Paradoxalement, les attentes sont importantes et les dossiers urgents s'empile. De nombreux dispositifs qui soutiennent les entreprises ultramarines ont subi plusieurs réformes en commission, qui ont été annulées ou repoussées par la chute des gouvernements. Ue situation anxiogène pour Thara Govindin.
Quand on a aujourd’hui un gouvernement qui lui-même est instable, qui lui-même ne sait pas réellement ce qu’il veut avec toutes ces guerrières où nous, on se retrouve au milieu, on est vraiment inquiets. De manière générale, on n’a pas réellement de réponse sur nos demandes, nos attentes. Donc en gros, je me dis : mais qu’est-ce qui va se passer ?
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Un timing difficile
Pour certains secteurs, les conséquences sont immédiates. Pierre Monteux, directeur général de l’UGB BAN, rappelle que le temps politique n’est pas celui de la production surtout dans la lutte contre la cercosporiose.
Quand on dépend de décisions politiques comme sur les drones, par exemple, on prend six mois, neuf mois dans la vue. Et malheureusement, la maladie qui nous concerne, la cercosporiose noire, elle, ne s’interrompt pas. C’est là que la stabilité devient essentielle.
Au cœur des préoccupations patronales figure la réforme des exonérations de l’octroi de mer (alodéum), que les prévisions budgétaires du gouvernement Bayrou envisageaient de réduire. Une mesure jugée vitale par les entreprises locales. Tony Morvan, trésorier de la CCI des Îles de Guadeloupe, insiste
C’est plus qu’important, c’est fondamental, c’est vital. Nos entreprises ont besoin de maintenir certains dispositifs qui fonctionnaient très bien. Qu’on porte ce message du monde économique, c’est aujourd’hui essentiel.
Manuel Valls doit intervenir ce jeudi au Stade Roland-Garros, dans le cadre de la séquence Outre-mer de la REF 2025, pour tenter de rassurer les patrons ultramarins. Une intervention d’autant plus scrutée que son avenir à la tête du ministère des Outre-mer, rue Oudinot, demeure lui aussi incertain.








