La cassave au patrimoine mondial : les Guadeloupéens ne cachent pas leur fierté
[VIDEO] Mercredi 4 décembre, la Cassave ou Kassav, la fameuse galette de manioc, a été inscrite au patrimoine culturel immatériel de l'humanité par l'UNESCO. Une nouvelle qui a réjoui les Guadeloupéens qui travaillent le manioc chaque jour. Reportage.
La candidature de ce pain ancestral à l’UNESCO a été présentée par le Venezuela, Cuba, la République dominicaine, Haïti et le Honduras. Et même si ma Guadeloupe ne faisait pas partie de cette délégation, cette inscription au patrimoine mondial fait la fierté des Guadeloupéens.
Une reconnaissance
C’est le cas de Katia Christophe qui a hérité de la maniocrie de sa mère qu’elle a reprise en 2012. Créée en 1972, cette maniocrie principalement dédiée à la fabrication de la cassave a été initiée par Germaine, qui cherchait un moyen d‘arrondir ses fins de mois pour élever ses enfants. Alors aujourd’hui, la joie de cette nouvelle se partage de mère en fille, et en petite-fille.
Katia Christophe, responsable de la Maniocrie de Germaine :
C’est une très très belle reconnaissance. Depuis au temps de Germaine, ma mère, qui a beaucoup parlé de cette tradition que l’on ne doit pas perdre. Et cette nouvelle lui a fait une très grande joie et cela m’a beaucoup encouragé. Je remercie nos voisins caribéens d’y avoir pensé. Je trouve cela un peu dommage que la Guadeloupe n’y ait pas participé, mais je suis vraiment contente et c’est très encourageant pour la relève et pour que cet héritage puisse perdurer.
Et le moins que l’on puisse dire c’est que pour l’heure la relève est assurée avec Keitline, la fille de Katia qui travaille à la maniocrie de Germaine en tant que pâtissière depuis 2019.
Je suis née dedans. Quand on sortait de l’école et qu’on avait faim, maman disait : fais ta cassave. (…) Il y a énormément de boulot, cela m’encourage à continuer et à changer l’alimentation en Guadeloupe. Pour moi c’est un très bel héritage.
Du côté de la Kassaverie de Capesterre Belle-Eau également, ce sentiment de fierté est partagé. Florent Foulquier plante le manioc, le récolte et le transforme. Il le dit, avec le manioc, c’est même une question « d’intimité » avec cette racine qui n’a pas de secret pour lui.
Je suis content, cela me fait plaisir de voir que notre travail est récompensé. Les gens ont reconnu la valeur du manioc.
Pour tous les goûts
Et cette inscription par l’UNESCO ramène déjà des curieux. En vacances en Guadeloupe avec sa femme, Jean-René a voulu goûter cette fameuse galette de manioc.
Nous sommes venus aujourd’hui à la kassaverie pour découvrir exactement ce qu’on faisait avec les cassaves comme ça vient d’être inscrit au patrimoine immatériel de l’UNESCO et c’était l’occasion de découvrir cette activité.
Découvrir et goûter, car la cassave qui se mange sucré ou salé. Pour Katia Christophe, les possibilités sont nombreuses.
Dans la cassave, on peut mettre du miel, du sucre à toutes les confitures, jusqu'à tout ce qui est salé. Ça peut être des légumes, ça peut être du poulet, ça peut être du bœuf, ça peut être de l'agneau, ça peut être du lambi, ça peut être même, allez, soyons fous, de la langouste. On peut mettre ce qu'on veut, absolument ce qu'on veut à l'intérieur.
Il faut dire qu'à la Maniocrie de Germaine, les Kassav salées se fotn depuis la fin des années 90'.
Les saveurs sont donc sans limite pour ce pain local qui présente également de nombreux avantages.
Quand vous mangez une cassave, vous buvez un verre d'eau ou un verre de jus, si vous mangez comme ça le matin, vous êtes remplis jusqu'à midi. Parce qu’il y a les fibres, il y a la fécule. Et les fibres et la fécule du manioc, ça fait du bien. Le corps ne va pas le stocker comme le sucre du pain ou autre. Il va l'assimiler d'une certaine façon et il va nourrir les bonnes bactéries qu'on a dans les intestins. Donc c'est très bon pour le corps en général.
Un pain bon pour le corps et qui convient aux amateurs du sans gluten. En Guadeloupe, aux Antilles, ou dans la Caraïbe, la cassave a encore de beaux jours devant elle.
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