[EN IMAGES] Nouvelles violences à Sainte-Thérèse : le quartier se réveille choqué et divisé
Après les nouvelles violences cette nuit à Canal Alaric et Sainte-Thérèse (2 au 3 septembre), les forces de l’ordre se sont rendues avenue Maurice Bishop, à Fort-de-France ce matin, pour constater les dégradations causées et préserver le calme. Les riverains, eux aussi, ont pu déplorer les dégâts sur place.
Le quartier de Sainte-Thérèse a de nouveau été la cible d’actes de violence dans la nuit, en marge de l'appel à la mobilisation contre la vie chère en Martinique.
Cette fois-ci, les habitants ne sont guère surpris par les événements de la veille. Le climat restait tendu ce matin.
Durant la nuit, trois véhicules ont été incendiés, des poubelles déversées sur la chaussée, et des palettes placées en travers des routes. Plusieurs affrontements ont également opposé les émeutiers aux forces de l’ordre.
Des habitants partagés entre écoeurement et compréhension
Sur place, les opinions divergent quant à la légitimité de la colère populaire. Si certains riverains déplorent la violence des actions, d’autres comprennent les raisons qui poussent une partie de la population à réagir de manière aussi extrême.
Même si la violence ne résout rien, quand il n’y a pas d’incidents, l’État ne nous écoute pas. Avec ces événements, il y a au moins une chance qu’il prenne enfin nos revendications au sérieux. Les prix exorbitants de nos denrées alimentaires, comparés à ceux de l’Hexagone, sont devenus insoutenables.
Pour Rosette Jean-Louis, présidente du conseil citoyen de Sainte-Thérèse, ces violences récurrentes traduisent un malaise profond :
C'est devenu récurrent. Aujourd'hui, on a des habitants qui sont dépités. Les incendies, le vandalisme, les altercations continuent. Tout le monde sait qui fait quoi, tout le monde sait ce qui se passe. Mais le silence est tellement beau qu'on préfère se taire, qu'on préfère rester dans une inertie
À VOIR Entretien complet avec Rosette Jean-Louis
Les forces de l’ordre étaient en alerte
Hier soir, déjà, au moment de la présentation de Rodrigue Petitot devant le tribunal, les forces de l’ordre anticipaient une nuit agitée. Leurs craintes se sont malheureusement confirmées, avec de multiples débordements au cours de la nuit.
Le préfet avait pourtant déployé deux pelotons de gendarmerie mobile et 30 fonctionnaires de police aux abords du Grand Port et à Sainte-Thérèse.
Ce matin, la police municipale, la police nationale et les équipes de police technique et scientifique ont investi l’avenue Maurice Bishop pour collecter un maximum d'éléments avant que les agents de nettoyage n’interviennent pour dégager la voie publique.
Au Canal Alaric, les policiers ont été pris pour cible à trois reprises, dont deux fois avec des tirs à balles réelles, selon nos informations, confirmées ensuite par la préfecture.
Colère des syndicats policiers
Pour Louisy Berté, du syndicat Alliance Police Nationale, c'est un sentiment de colère qui prédomine.
Je suis en colère car on m'avait promis une manifestation pacifique, tout sauf la violence. Or, depuis le début, on constate que tout est parti en violence. Je m'insurge contre ça. Plusieurs patrouilles se retrouvent sur Sainte-Thérèse pour éviter que les feux lancés ne brûlent les habitations et ne fassent des victimes et on se retrouve snipper, tirer dessus. Et on vient de me dire que c'est un mouvement pacifique. Si on bloque, ce n'est plus pacifique. On a bloqué les rues et incité à venir faire de la violence. Au départ, on part sur une cause noble mais dès lors qu'on fait des blocages, on va avoir des gens qu'on ne va pas contrôler. Les policiers aussi, on subit la vie chère de plein fouet. Mais la vie chère ne tue pas. Et, là, on se retrouve avec 4 policiers impactés par balles ! Alors que les policiers sont là pour protéger les citoyens. C'est incompréhensible !
De son côté, le préfet Jean-Christophe Bouvier condamne « ces actes avec fermeté, et confirme sa détermination à assurer la sécurité des Martiniquais ». Il doit rencontrer les forces de sécurité cet après-midi.
Sur la question de la vie chère, il indique aussi, dans un communiqué que « la défense du pouvoir d’achat de la population mérite mieux que la violence et les troubles à l’ordre public causés par quelques délinquants ».