La nouvelle vie en Martinique de Stanley Bristol, survivant du séisme de 2010 en Haïti
Stanley Bristol a survécu au séisme du 12 janvier 2010 en Haïti. Invité de la rédaction ce mercredi matin (15 janvier), il est revenu sur ce jour funeste, qui a changé sa vie. Il s’en est construit une nouvelle, en Martinique.

Le 12 janvier était un bien triste anniversaire pour la population haïtienne.
Il y a 15 ans, le 12 janvier 2010, plus de 280 000 personnes sont décédées suite à un tremblement de terre d’une magnitude de 7,3 sur l’échelle de Richter.
On comptait également 300 000 blessés et 1,3 millions de personnes sans-abri. La capitale, Port-au-Prince, a été particulièrement touchée.
Ce souvenir est forcément marquant pour tous ceux qui l’ont vécu, ceux qui ont survécu à cette tragédie, à l’image de Stanley Bristol.
Sa maman morte sous les décombres
A l’époque, il avait 14 ans. Il avait été découvert sous les décombres aux cotés de sa mère décédée.
Il avait été transporté en urgence en Martinique, mais sa jambe n’avait pu être sauvée.
Stanley Bristol était l’invité de la rédaction ce mercredi matin (15 janvier). Il a raconté son souvenir de cette journée du 12 janvier 2010. Il s’en souvient comme si c’était arrivé hier :
J'ai malheureusement une trop bonne mémoire, donc je m'en souviens de tout.
Stanley Bristol se souvient du moment où sa sœur et l’un de ses grands frères ont été extraits des décombres :
Moi, on ne pouvait pas m'enlever. Ma jambe était bloquée en dessous de la porte. La terre tremblait un petit peu de temps en temps. Je regardais le ciel, je ne savais pas si j'allais être en vie le lendemain. Pour que je puisse m'extirper de dessous la porte, on a dû planter une tige de métal dans le sol. Et c'est quand j'ai dégagé ma jambe que j'ai vu le corps de ma mère sur la porte, elle était déjà décédée.
« J’ai perdu ma jambe, mais j'ai pu avancer »
Ce jour-là, Stanley Bristol n’était pas allé en cours parce que sa famille n’avait pas pu payer l’école.
Après le séisme, sa vie a changé :
Beaucoup de choses se sont passées, je suis arrivé en Martinique. J’ai perdu ma jambe, mais j'ai pu avancer, acquérir des connaissances, des compétences, obtenir des diplômes et me faire des amis. Je me suis fait accepter au sein de certaines familles, que je considère comme ma famille d'adoption.
Pour Stanley Bristol, ça n’a pas toujours été facile de s’adapter à cette nouvelle vie en Martinique :
Quand tu arrives dans un endroit, il faut s'adapter. On rencontre certaines personnes qui nous font comprendre qu'on n'est pas chez soi. C'est un petit peu triste aujourd'hui de voir comment les gens sont avec les Haïtiens parce qu'ils ont eu une mauvaise expérience. Il faut qu’ils se rappellent qu’on a été le premier peuple noir à se libérer de l'esclavage. On a été un exemple pour la Caraïbe, pour toutes les îles.
Aujourd’hui, Stanley Bristol travaille dans un cabinet de comptabilité. Il est retourné en Haïti en 2015 grâce à l’aide de la CTM.
Je suis parti 7 jours pour voir ma famille et ça m’a fait un grand bien. Je ne les avais pas vus depuis longtemps et j’étais très heureux. Un de mes oncles était très ému, parce qu’il ne pensait pas me revoir. Et me revoir plus grand, avec une seule jambe, ça lui faisait bizarre. Là, ça fait 10 ans que je ne les ai pas vus. J’ai même une tante aux Etats-Unis que je n’ai pas vue depuis le séisme. Mon projet, c’est d’avoir assez d’argent pour aller la voir cette année. Quand je vais la voir, je vais pleurer énormément, parce que c’était vraiment ma deuxième maman.
Inquiet pour sa famille
Stanley Bristol reste en contact avec sa famille pour s’assurer que tout le monde va bien. Au vu de la situation en Haïti, il est forcément inquiet :
Le pays est instable et je m’inquiète beaucoup pour ma famille, pour la population. Les gangs arrivent à avoir des armes. Ma sœur a dû beaucoup bouger avec ma nièce en 2023, car le quartier où on vivait a été attaqué par des gangs. Je n’ai pas trop de nouvelles de mon frère depuis quelques mois. C’est un peu étrange, j’espère qu’il va bien.
Malgré son vécu, Stanley Bristol garde le sourire et sa joie de vivre :
Ce que j’ai vécu m’a forgé et au fil du temps, j’ai rencontré beaucoup de personnes qui m’ont aidé à évoluer. J’essaye toujours de rester positif, même quand je n’ai pas le moral. Le monde est très difficile aujourd’hui, il y a plein de choses qui se passent. Les gens stressent énormément. Si je peux les faire rire de temps en temps et leur apporter un peu de joie, je suis très heureux.
√ Rejoignez notre Chaîne Whatsapp, RCI INFOS MARTINIQUE, pour ne rien rater de l’actualité : cliquez ici.