[EN IMAGES] La CGTM Santé mobilisée devant les « locaux indignes » de la MAS de Saint-Pierre

Le personnel du Centre Hospitalier Maurice Dépinoy, affilié à la CGTM Santé, est en colère. Depuis ce matin, une mobilisation est lancée par la CGTM Santé à l'hôpital de Mangot-Vulcin mais aussi à la Maison d'Accueil Spécialisée (MAS) de Saint-Pierre.

Cet établissement héberge des personnes en situation de handicap, en situation de grande dépendance. La CGTM-Santé dénonce la vétusté des locaux. « Des conditions de vie innommables » selon Marcel Rose-Adélaïde, secrétaire adjoint de la CGTM-Santé.

C'est un lieu où les travaux n'ont pas été correctement réalisés et les travaux sont inadaptés et donc, tout est cassé. Le lino par terre est arraché, les toitures collent. Vraiment, c'est innommable. Nous appelons l'opinion publique, les Martiniquais à venir nous soutenir sur cette problématique-là car nous ne pouvons pas prendre soin des Martiniquais dans ces conditions là. Nous savons très bien que l'hôpital va mal, et singulièrement la psychiatrie. C'est le parent pauvre de la santé. Et alors qu'on voit augmenter les budgets de la défense, pour les guerres, celui de la santé n'a rien du tout. On va reculer, reculer. Ce qu'on donne à la santé et à la psychiatrie en particulier est vraiment réduit à néant. On dit aujourd'hui que c'en est assez. Il nous faut des moyens pour pouvoir travailler dans de bonnes conditions et avoir de la bientraitance pour nous, pour nos patients, nos résidents et nos usagers.

Personnel mobilisé devant l'établissement

Depuis ce matin, le personnel de la Mas Saint Pierre est réuni devant l’établissement situé sur les hauteurs de la commune. Impossible de pénétrer à l’intérieur.

En revanche, les photos réalisées par le personnel soignant permettent de mieux cerner comprendre la colère des agents : portes arrachées, rouilles, moisissures, infiltrations…

Une soignante décrit son quotidien :

On a des sanitaires insalubres, avec des WC inexistants, cassés, des portes qui ne ferment plus, des lino endommagés et remplis de moisissures. Pour les résidents, cela entraîne beaucoup de frustrations et nous sommes en première ligne face à cete violence

Françoise Servius, aide-soignante, avoue être à bout. Pour elle, la mobilisation est nécessaire.

C’est un ras-le-bol, une fatigue. On est venu travailler, prendre soin de personnes et, aujourd’hui, on constate qu’on tombe malades. On n’est pas assez nombreux. Ceux qui sont là sont tellement fatigués qu’ils tombent malades. On demande de couper les congés, de revenir. On tire sur la corde, on n’en peut plus. On est arrivé à une saturation, le personnel est déprimé.

À Saint-Pierre, le personnel compte rester mobilisé jusqu’à obtenir des actes concrets de la direction.

Si elle comprend le ras-le-bol et la colère des agents, la direction du CHU de Martinique explique avoir prévu des travaux mais plusieurs difficultés ont été rencontrées, comme le précise le directeur du Centre Hospitalier Maurice Despinoy (CHMD), Stéphane Berniac.

Sur notre établissement, qui se compose quand même d'une vingtaine de sites, nous avons certains sites qui sont effectivement des établissements  vieillissants. Sur la MAS de Saint-Pierre, nous avons quand même une spécificité puisque c'est un bâtiment qui a une dizaine d'années à peu près, mais qui a connu un vieillissement accéléré et des dégradations assez importantes puisque nous accueillons un public spécifique qui souffre d'un handicap psychique assez lourd. Effectivement, ce site s'est dégradé extrêmement rapidement avec certainement des choix de matériaux ou des choix architecturaux qui n'ont pas permis de s'adapter à l'usage, à l'utilisation faite par les personnels et également les patients. Ce site se dégrade extrêmement rapidement et nous avons prévu, avec le soutien de l'Agence Régionale de Santé, de réaliser des travaux. Malheureusement, nous rencontrons deux difficultés majeures. La première, c'est que ces travaux ne peuvent pas être faits en site occupé, c'est-à-dire qu'il faut déménager les résidents compte tenu de leur profil et des spécificités. Et, deuxième obstacle, c'est aussi l'acceptabilité de la population d'accueillir ce type de public, y compris transitoirement.

Un site d’accueil temporaire des résidents est à l’étude, avec le soutien des collectivités locales et de l’ARS.

Sur place, assure encore le directeur du CHMD, des petits travaux sont régulièrement réalisés mais les gros travaux nécessaires ne peuvent l’être qu’à la condition d’un déménagement total ou partiel des résidents.

Les photos des locaux prises par le personnel soignant à voir ci-dessous. Cliquez ici si vous n'y avez pas accès.