Un congrès des élus pour ne pas rater un tournant décisif pour l'avenir de la Martinique selon Serge Letchimy

Sur le dossier de l'évolution institutionnelle et statutaire, le président du conseil exécutif de la CTM est convaincu qu'il faut avancer sans crainte car, s'il reconnaît que tous les voyants ne sont pas au vert sur le plan national, il estime aussi que la Martinique ne peut plus se permettre d'attendre une nouvelle fenêtre de tir. Il faut donc continuer le travail en sachant qu'au final, c'est le président de la République qui est au premier plan. Pour Serge Letchimy, c'est lui qui "tient les clés." 

Il est vrai qu’il y a une instabilité politique en France du fait d’une absence de majorité et d’un gouvernement qui change un peu tout le temps. Cependant, le processus engagé dépend de la mise en œuvre (un parlement qui fonctionne) et dépend surtout du Président. S’il y a un agenda, une prise de décision forte concernant un agenda pour des évolutions institutionnelles au service d’un meilleur développement de la Martinique, de la Guadeloupe et la Guyane, c’est le président de la République seul tient les clés. Si le congrès de Martinique, qui est souverain, nous donne le feu vert, c’est le président de la République qui a ce pouvoir, pas l’assemblée, pas le gouvernement.

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Un moment clé pour la Martinique

Il espère que le congrès sera un espace d'échange quant aux résistances de chacun, mais surtout une occasion de trouver des terrains d'entente, pour le bien du pays.

Jusqu’à président ça se passe bien avec les opposants. Ils disent leurs différences de point de vue. Je leur dis qu’il faut faire un pas “an mitan”. En tant qu’autonomiste j’ai fait un pas, quand je dis qu’il ne faut pas toucher le socle de l’égalité de droit, on aurait pu imaginer que je trahisse une pensée dite progressiste, non. Il faut franchir un pas fondamental pour la survie de ce pays.

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Comme les autres départements français d'Amérique (DFA), la Martinique affiche des chiffres démographiques et sociaux préoccupants. Plus vieux département de France, 35 000 personnes au RSA, 76 000 personnes qui vivent sous le seuil de pauvreté, et une croissance inquiétante de la violence et de la délinquance, nécessitent de prendre des décisions rapides pour inverser la tendance, et cette rapidité, le cadre constitutionnel et légal actuel ne la favorisent pas selon Serge Letchimy.

La moindre petite décision que vous voulez prendre justement pour améliorer l’eau en Martinique, il faut attendre 4 ans une décision de Paris. Nous devons mettre une autorité unique de l’eau en Martinique, cela fait 4 ans que j’attends une habilitation pour l’organisation de la production unique. Je viens de recevoir la publication du JO d’une demande faite il y a 4 ans. Il faut améliorer le transport, il faut le financer, sauf que vous n’avez aucun pouvoir sur la fiscalité du transport. Si on dirige un pays à ce rythme "molokoï" ça n’a pas de sens. Il faut absolument obtenir la possibilité d’adapter les textes localement, et d’édicter les lois sur les compétences qui nous concernent.

À l'issue de ces deux jours de débats, et d'une période de deux mois, jusqu'au mois de décembre, le président du conseil exécutif espère qu'il pourra présenter à Paris une résolution qui reflète le travail entamé depuis plusieurs années, mais aussi l'ensemble des consultations menées, notamment auprès des acteurs économiques.