Mercury Beach, entre respect de l’environnement et nuisances humaines

Par 02/08/2023 - 16:37 • Mis à jour le 02/08/2023 - 18:08

Plus de 8 000 personnes ont fêté samedi (29 juillet) à Grande Anse aux Anses d’Arlet à proximité de ce qui, d’habitude, sert de zone de lieu de ponte à des tortues, laissant derrière eux mégots de cigarettes et autres déchets. Malgré le gros nettoyage effectué, le Parc Naturel Marin a lancé une étude d'impacts sur les conséquences éventuelles à l’environnement.

    Mercury Beach, entre respect de l’environnement et nuisances humaines
Deux plongeurs du Parc Naturel Marin en train de faire les relevés d'impacts, deux jours après la Mercury. Photo Naïda Lebos

De chez elle, une riveraine de l’allée des Raisiniers aux Anses d’Arlet a vu passer tous les sacs poubelles, restes d’une fête en bonne et due forme, qui ont rempli tout un camion. Le nettoyage de la zone a en effet débuté en même temps que l’évènement.

Déjà, explique Sarah De Oliveira, membre de l’organisation de la Mercury Beach, une équipe de 20 personnes nettoie le long de la plage pendant toute la manifestation. Puis, à partir de 20h, une fois que tous les participants ont quitté les lieux, une autre équipe de 10 personnes prend le relais pour un nettoyage plus en profondeur

C’est à ce moment que le nettoyage se fait également sous l’eau. Les organisateurs de la Mercury Beach avaient mobilisé 5 plongeurs pour ratisser les fonds de la zone en bord de mer. Du côté des professionnels de la mer, certains plongeurs, exerçants sur la même plage, ont de leur propre initiative, participé à la remise en état du lieu.

On est parti avec des filets et on a constaté qu’il y avait des mégots, du plastique… Mais le plus gros du travail avait déjà été fait par l’équipe de plongeurs de la Mercury Beach. Je pense qu’ils ont vraiment changé la donne, car je faisais partie des personnes présentes ce week-end à la Mercury. Il y avait tellement de déchets dans l’eau qu’on pouvait les sentir en marchant », indique Mario Priam, plongeur à Passion plongée

Pourquoi pas un nettoyage à l’année ?

Se baigner et marcher sur des ordures… Si l’idée peut choquer, comme l’explique Wahe Benhalilou, président du club de Plongée Passion, l’avantage de ce type d’événement ponctuel, tel que la Mercury, c’est qu’il y a un nettoyage.

Ce n’est pas critiquable. Bien sûr qu’avec ce type d’événement, on peut toujours pointer du doigt des défauts, mais ce n’est pas tous les jours. On a aussi un impact environnemental causé par un passage journalier de bateaux qui ne sont pas toujours respectueux. Ça, ça se passe toute l’année et c’est beaucoup plus grave

Ainsi, pour ce président d’association pour la protection l’observation et l’étude du Milieu Marin (POEMM), la question de propreté des plages peut se poser à l’année. D’autre part, bien qu’un nettoyage soit fait, la mer est un élément mobile. Chaque déchet peut donc se déplacer et atteindre une zone qui ne sera peut-être pas comprise dans le nettoyage.

« Aujourd’hui on fait un focus sur la Mercury parce que c’est un festival qui produit beaucoup de déchets en peu de temps. Mais nous avons le même problème toute l’année en Martinique sur beaucoup de plage et là, il n’y a pas de dispositif de nettoyage ».

Etude d’impacts en cours

72h après la Mercury, excepté quelques échafaudages sur la plage, le site de Grande Anse se présente comme si de rien n’était. Ce type d’évènement d’ampleur a-t-il donc réellement un impact sur l’environnement ?

Infrastructure Mercury Beach

Pour le savoir, le Parc Naturel Marin réalise un comparatif de quatre points GPS sous l’eau observés avant et après l’événement.

Marjorie Clairicia-Graziani, agent de terrain au parc naturel de Martinique en explique l’intérêt.

On est là pour comprendre l’incidence qu’a eue la Mercury sur les fonds marins. Nous avons fait une prospection avant, le vendredi avec des caméras pour avoir une idée visuelle et nous en faisons une nouvelle après pour voir si des ancrages ont été faits en plus, comment est l’herbier en dessous, les types de déchets que l’on peut retrouver, etc. 

L’objectif, in fine, est de fournir un avis technique aux autorités sur l’impact environnemental de la Mercury Beach en vue des prochaines manifestations. Il sera livré prochainement par le parc naturel marin.

A ECOUTER Le reportage sur place d'Yva Gelin 

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