Prospection géothermique sous la Montagne Pelée, un potentiel énergétique qui questionne
Un permis de recherche pourrait ouvrir la voie à un projet géothermique sous un volcan encore actif. L’idée suscite déjà inquiétudes et fait réagir en Martinique.
Faut-il exploiter une énergie renouvelable sous un volcan actif classé au patrimoine mondial de l’UNESCO ?
Le projet de prospection géothermique envisagé sur la Montagne Pelée alimente les discussions. Ces dernières semaines, les élus et les associations, notamment l’Assaupamar, ont alerté sur un manque de transparence dans les autorisations et sur l’absence de garanties suffisantes concernant les risques environnementaux.
Trois zones sont identifiées pour d’éventuelles installations :
- Petite Anse aux Anses-d’Arlet
- La plaine du Lamentin
- Le flanc ouest de la Montagne Pelée
Sur ce dernier site, une demande de permis exclusif de recherche a été déposée auprès de l’État. Il s’agirait uniquement d’une étape préparatoire, sans travaux lourds ni forage.
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Un risque réel mais faible, selon les experts
Pour aller plus loin, une autre démarche réglementaire serait nécessaire. Benoît Vittecoq, directeur du Bureau de recherches géologiques et minières en Martinique, précise le cadre légal et les procédures obligatoires :
Pour pouvoir faire un forage, il y a une deuxième étape qui s'appelle une DAOTM, Déclaration d'ouverture de travaux miniers qui inclut une étude d'impact, une nouvelle enquête publique, avant de pouvoir faire un forage de reconnaissance.
La possibilité d’un forage sous un volcan actif interroge. Les analyses évoquent un risque sismique faible, autour de 2 %, mais ce type de projet existe déjà ailleurs dans le monde.
En Dominique, il y a des forages qui ont été réalisés il y a une dizaine d'années. Il y a une centrale qui est en phase finale de construction. On en a aussi à Saint-Vincent, où des forages ont été faits récemment. Ils ont eu des résultats très prometteurs avec des températures d'environ 200 degrés qui les laissent espérer de pouvoir réaliser une centrale et de pouvoir gagner en indépendance énergétique. Sinon, au Guatemala, par exemple, sur le volcan Pacaya, qui est un des volcans les plus actifs d'Amérique centrale.
Ces références montrent que la géothermie en zone volcanique peut fonctionner, mais chaque territoire possède ses spécificités géologiques et environnementales.
Une énergie continue
Du côté du SMEM, l’intérêt est manifeste. L’organisation, responsable de la distribution d’électricité, suit de près le projet pour son potentiel d’indépendance énergétique. Johan Villeronce, directeur général des services du SMEM:
La géothermie est une ressource qui est non-intermittente. Une fois qu'on a identifié et qualifié la ressource, elle produira de l'électricité, qu'il pleuve, qu'il fasse nuit, contrairement à l'éolien ou au photovoltaïque. Donc, ça permettrait d'avoir une énergie en permanence et d'une excellente qualité.
À court terme, le site des Anses-d’Arlet apparaît comme la zone la plus favorable pour accueillir une première installation. Concernant la Montagne Pelée, la prudence reste de mise, compte tenu du classement UNESCO et de l’activité volcanique.
Quoi qu’il arrive, la procédure est longue. Un projet concret ne pourrait voir le jour avant au moins une dizaine d’années.
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