Eau potable : les opérateurs assurent être à la chasse aux fuites

Après une très courte période de sécheresse le mois dernier, la pluie a fait son grand retour. Depuis plusieurs semaine notre île est copieusement arrosée. Des pluies qui ont convaincu les fermiers de suspendre les coupures tournantes d'eau potable.

Si dame nature nous donne un petit sursis, les interrogations demeurent sur les stratégies d'anticipation des deux fournisseurs d'eau potable de l'île, la Société Martinique des Eaux (privé) et Odyssi (régie publique communautaire)

Odyssi qui compte 74 000 abonnés mise sur des forages pour accéder à de nappes phréatiques comme a Coeur Bouliki mais aussi sur les repérages et réparations rapides des casses en installant notamment des compteurs de sectorisations. Cet outil permet de savoir précisément où il y a des casses. 160 ont été installés sur le territoire de la Cacem.

En 2021, ce sont 6000 casses ont été observées sur le réseau du fermier privé(113 000 abonnés). L'immense majorité est la conséquence des conditions climatiques hostiles d'un territoire tropicale. Les alternances de pluie et de sécheresse font bouger les canalisations qui finissent par se déconnecter ou se rompre.

Laurent René-Corail, Directeur Général Adjoint chargé des services techniques et clientèle à Odyssi détaille les travaux à venir sur le réseau

En avril, on va reprendre l'intégralité du réseau de distribution de Morne Pitault au Lamentin. C'est un chantier d'un montant 3,4 millions d'euros. On s'attaquer au centre-ville de Fort-de-France avec le boulevard Allègre. Bien évidemment, il y aura des travaux à Schoelcher et à Saint-Joseph. Des études sont en cours pour mener dans la continuité des travaux de renouvellement réseau à l'échéance 2023. La mise en place des compteurs de sectorisation, c'est un investissement de 3,5 millions d'euros. On a pu exécuter ces travaux là dans le cadre du plan d'urgence

L'enjeu est majeur. Selon un rapport de l'Office de l'Eau, en 2019, les pertes globales sur le réseau d'eau potable en Martinique représentaient 48% de l'eau prélevée.

Le plan d'urgence eau, le plan de relance  et le plan eaux DOM permettent de mobiliser une enveloppe globale de 20 millions d'euros.

La SME qui fournit de l'eau à la majorité des communes de Martinique a fait appel à des experts de l'Hexagone pour trouver ce qu'on appelle les casses invisibles. La SME a elle aussi comptabilisé 6000 réparations de fuite sur le réseau.

Olivier Loth est responsable recherche de fuites à la SME explique ce qui est mis en place depuis 2021.

Au niveau de la recherche de fuite, on a mis le paquet. On prend le réseau d'une ville qu'on vérifie entièrement en trois ou quatre jours. On l'écoute. Cela nous permet de retrouver les fuites invisibles qu'on peut ainsi réparer le plus rapidement possible. On a eu de la pluie en décembre, puis de la pluie et à nouveau de la pluie. Si on ajoute le poids des véhicules, le réseau est soumis à rude épreuve

Cette chasse aux casses passe par le renouvellement du réseau. Selon l'Office de l'eau, le taux de renouvellement des canalisations d'eau potable en Martinique était de 0,29% en 2019. Ce qui représente environ 10 kilomètres sur les 3529 kilomètres de réseau que compte la Martinique. À titre de comparaison, le taux de renouvellement moyen des réseaux d’eau potable national était de 0,59 % en 2017.

Les opérateurs rappellent tout de même que leur mission est d'assurer la distribution de l'eau. Ce qui comprend les interventions pour les réparations de fuite et de casse. Concernant le renouvellement des canalisations, la mission est entre les mains des collectivité d’agglomération.