Un distributeur de protections hygiéniques installé au collège Edouard Glissant
Le collège Edouard Glissant au Lamentin a inauguré hier (mardi 27 février) un distributeur de protections hygiéniques. Son installation a plusieurs buts : lutter contre la « précarité menstruelle », mais aussi éduquer et diminuer le tabou autour des règles. Reportage.
Le distributeur installé dans l’un des couloirs du collège, plutôt que dans les toilettes des filles, est très visible.
« Ce n’est pas juste un distributeur », comme l’expliquent les différents acteurs. Le projet est plus global : des séances de sensibilisation concernant les règles et la mise en place du distributeur ont été organisées dans les classes du collège.
Un pas en avant
C'est vrai qu’on n’en parle pas parce qu’entre les jeunes, c'est un sujet un petit peu gênant.
Mélaïne a 13 ans et quand le collège lui a demandé de faire partie du comité de pilotage avec son amie, elles ont tout de suite accepté. Pour Youna, ce distributeur est synonyme de liberté.
Il y a aussi des filles qui manquent de protection. C'est-à-dire qu’elles ne pensent pas forcément à faire leur sac et à mettre dedans. Quand elles viennent me demander, je leur prête. Mais là, c'est plus facile comme ça, on n'a pas besoin de demander.
Pendant un an, ces deux élèves ont pu participer aux discussions pour installer le dispositif. Mélaïne ne connaissait pas encore les mots de précarité menstruelle.
J'ai été surprise d'ailleurs d'entendre qu'il y a des gens qui n'ont pas les moyens de s'offrir des serviettes hygiéniques. Donc je me suis dit oui, là c'est un projet intéressant, là on pourra aboutir.
Un dispositif nécessaire
Avant, il était déjà possible de demander de l'aide auprès de la CPE ou de l'infirmière. Et justement, Jennifer Caclin en a accompagné une dizaine en huit ans d'exercice.
C'est déjà arrivé que j'aie de jeunes filles qui sont tachées. Quand elles arrivent à mon bureau, elles me précisent qu'elles n'ont pas les moyens, qu'il n'y en a pas à la maison, que maman n'a pas pu acheter. Donc ça arrive qu'elles viennent, elles savent. Je leur dis que ma porte est grande ouverte justement et que je les accompagnerai. C'est déjà même arrivé que j'ai une élève qui s'est présentée et en fait, elle n'avait pas du tout de serviette et elle avait mis des mouchoirs à la place justement pour éviter d'être tachée.
Le rectorat veut aller plus loin et prévoit d'équiper l'ensemble des collèges prioritaires de l'île avec le distributeur d'ici la fin de l'année. L’année prochaine, le dispositif doit être déployé dans tous les collèges et les lycées de l’académie.
Et cela a un coût : 55 000 euros. 25 000 euros seront payés par l’ARS, et 30 000 euros par la préfecture.
Pour rappel, la « précarité menstruelle » touche plus d’une femme sur dix en France. Près de 1,7 million d'entre elles n'auraient pas les moyens d'acheter des protections périodiques, selon l'association Règles élémentaires. En moyenne, l'hygiène menstruelle représenterait un coût de 90 euros par an (7,50 euros par mois).
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