Une centaine de sépultures précolombiennes découvertes aux Abymes

Par 27/04/2021 - 16:23 • Mis à jour le 27/04/2021 - 16:26

En Guadeloupe L’Inrap mène, sur prescription de l’État, une fouille préventive aux Abymes dans la zone de Petit-Pérou, en amont de la construction d’un lotissement. La fouille débutée fin 2020 s'est poursuivie dans le cadre d’une découverte exceptionnelle. Elle révèle la présence de vestiges des époques précolombienne et coloniale, dont des sépultures sur une vaste étendue.

    Une centaine de sépultures précolombiennes découvertes aux Abymes
Images INRAP (Jessica Laguerre)

Une occupation précolombienne complexe. La première phase de la fouille a mis au jour une forte densité de vestiges composés de fosses, de trous de poteau et de sépultures. Ceux-ci témoignent de plusieurs phases d’occupations par les populations précolombiennes durant l’âge Céramique récent ou dit aussi période du Néoindien récent, aux alentours des XIe et XIIIe siècles de notre ère. Quelques centaines de trous de poteau correspondent à des structures d’habitat et une cinquantaine de fosses sont liées à des activités domestiques. Le comblement de certaines fosses livre de nombreux tessons de poterie, des outils en pierre, des blocs chauffés, des ossements de rongeurs, reptiles, oiseaux et des restes de crabes et de coquilles, rejetés après consommation.

Ces vestiges domestiques sont associés à 113 inhumations, un chiffre jusqu’alors sans pareil en Guadeloupe. La fouille de ces sépultures a donné lieu à une prescription de découverte exceptionnelle par le service régional de l’archéologie. Les inhumations concernent aussi bien des adultes que des enfants, disposés sur le dos, semis assis, assis ou sur les côtés. Les corps ont été inhumés repliés sur eux-mêmes, les bras souvent fléchis, sur l’abdomen ou le thorax, les jambes comprimées sur les avant-bras, les coudes ou le thorax. Des liens ou des sacs garantissent cette position.

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L’étude des nombreuses données issues du site, l’examen du mobilier archéologique, les datations radiocarbones et les analyses de l’ADN ancien permettront d’identifier les différentes phases d’occupation, d’appréhender l’organisation spatiale des vestiges, de renseigner l’état sanitaire de la population inhumée et ses liens de parenté. Ces découvertes contribueront à faire avancer les connaissances sur la période du Néoindien récent. Cette période est caractérisée par des changements économiques et culturels dans tout l’archipel des Petites Antilles, qui résultent d’un processus de régionalisation des cultures, en lien avec la dispersion des groupes dans l’ensemble de l’archipel caribéen.

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Les modes de vie restent globalement fondés sur la sédentarité et l’agriculture, cependant des évolutions apparaissent dans les domaines de la production artisanale, de l’habitat, ou de l’alimentation ainsi que dans l’organisation socio-politique des groupes. À l’ouest du site précolombien, des vestiges d’époque coloniale ont été également découverts. Près de 200 structures ont été fouillées, révélant la présence d’aménagements agraires, de plusieurs bâtiments sur poteaux et d’un bâtiment maçonné. La culture de la canne et la production de sucre semblent avoir été les principales activités. Ces vestiges se rattachent à l’habitation-sucrerie « L’Espérance » ou « Mamiel », en activité aux XVIIIe et XIXe siècles, et dont une partie est encore conservée en élévation.

 

 

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