Tableau représentant Emmanuel Macron décapité : l'avocat de l'artiste défend « une oeuvre artistique »

Par 07/02/2025 - 06:31

L'oeuvre représentant Emmanuel Macron avec la tête coupée, exposé au Centre des Arts de Guadeloupe et retirée depuis, suscite une vague de réactions. Le chef de l’État a porté plainte contre ce tableau qui s’inscrivait dans une exposition sur le chlordécone. Pour l’avocat de l’artiste, il s’agit d’une expression artistique et politique, ancrée dans l’histoire coloniale et postcoloniale.

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Emmanuel Macron - Archive

Une plainte qui fait débat. L'œuvre, désormais retirée, représentait le président de la République décapité, sa tête portée à bout de bras. Un tableau choc qui a conduit les conseillers d’Emmanuel Macron à saisir la justice, s’interrogeant sur un éventuel appel à la violence.

Dans un climat déjà marqué par la défiance envers l’État sur la question du chlordécone - ce pesticide reconnu comme hautement toxique et dont les effets sanitaires sont dramatiques en Guadeloupe et en Martinique - cette affaire prend une tournure symbolique.

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« L’artiste est un lanceur d’alerte »

L’avocat de l’artiste et des organisateurs de l’exposition, Maître Patrice Tacita, défend la légitimité de cette œuvre et son message politique. Il rappelle que l’histoire coloniale et postcoloniale confère un rôle particulier aux artistes :

Dans les sociétés coloniale et postcoloniale, l'artiste est aussi un lanceur d'alerte. L'artiste a un rôle évidemment public et quand bien même il aurait sa tête coupée sous ses toiles, la question est de savoir si cette toile a été faite dans le cadre d'une exposition consacrée au chlordécone.

Pour l’avocat, l’œuvre ne cible pas Emmanuel Macron en tant que personne, mais l’État français dans sa continuité historique et ses responsabilités dans le scandale du chlordécone.

Ce n'est pas Macron qui était là à l'époque, mais il représente l'État, il est la continuité de l'État. Et est-ce que l'État n'a pas livré les têtes d'un certain nombre de Guadeloupéens qui sont aujourd'hui six pieds sous terre, en sacrifice à des intérêts capitalistes ? C'est ça le vrai débat.

Un geste artistique ou un acte répréhensible ?

L’interprétation de l’œuvre divise. Certains y voient une dénonciation artistique forte et nécessaire, tandis que d’autres estiment que la représentation d’une décapitation présidentielle peut être perçue comme une incitation à la violence.

Maître Tacita invite à ne pas se limiter à une lecture littérale :

Quand on voit cette toile, il faut la voir à l'envers. Il faut voir effectivement plusieurs têtes avec un État derrière. Cette œuvre doit être comprise comme l’expression d’un artiste qui met en lumière une réalité sociale et historique.

Cette plainte présidentielle pourrait raviver les tensions entre l’État et une partie de la population, toujours en quête de reconnaissance et de justice face aux conséquences du chlordécone.


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