Monde en Vues 2025 : un festival engagé face aux tensions de notre époque

Par 12/10/2025 - 11:15

Coup de projecteur sur le 7ᵉ art avec le festival Monde en Vues, qui a débuté ce samedi soir, (11 octobre), au Mémorial ACTe. Cette 12ᵉ édition célèbre le cinéma engagé, la diversité des regards et s’attache aux tensions de notre époque.

    Monde en Vues 2025 : un festival engagé face aux tensions de notre époque
@Snorri Sénécal

La 12ème édition du festival Monde en Vues a débuté, ce samedi soir (11 octobre), au Mémorial ACTe.

Jusqu’au 15 octobre, courts et longs métrages seront projetés pour décrocher l’un des cinq prix engagés.

Mais le festival, ce sont aussi des causeries, des conférences et des rencontres avec des figures du cinéma, réparties entre le MACTe à Pointe-à-Pitre, la résidence départementale au Gosier et le Cinestar aux Abymes.

Cette année, le festival s’attache aux tensions de notre époque : montée des violences, libertés menacées, polarités exacerbées.

« Un sursaut de résistance »

Monde en Vues est un rendez-vous pour débattre et découvrir des œuvres humaines et engagées, comme le souligne Élisabeth Gustave, présidente du festival, qui évoque la thématique générale de cette 12ème édition.

Chaque année est un peu différente. Je pense que cette année, on a plus conscience de vivre dans un monde où les démocraties sont bafouées. Donc, j'ai envie qu'on ait un sursaut collectif et personnel, un sursaut de résistance. On ne va pas se laisser faire par les grincheux et par les mauvais. Et on va briller par notre envie de faire des choses positives. On veut semer l'amour, en fait. On se rend compte qu'on ne reconnaît plus le monde dont on rêve. Donc on veut le créer. On se rend compte qu'on a cette capacité-là. De toute façon, ce n'est pas la première fois que le monde va vers le Sud. Je pense que là on est dans un moment où on se dit on va être exceptionnels parce qu'il faudra sortir de ce mauvais pas.

« Participer à la vie culturelle »

Le nouveau préfet de Guadeloupe, Thierry Devimeux, avait fait le déplacement. Il souligne l'importance de ce festival pour la culture guadeloupéenne.

Je découvre ce festival. Je me suis juste aperçu, avant même de venir, qu’il marquait la Guadeloupe. C’est sa douzième année d'existence, il a son assise ici et il fait venir de grandes signatures du monde entier. Donc, il m’apparaissait important de participer à cette ouverture. D'abord parce que l'État soutient financièrement le festival et puis parce que l'État se doit aussi de participer à la vie culturelle de l'archipel. Et puis, à titre personnel, nous sommes très attachés, mon épouse et moi, à toutes les activités culturelles et on en consomme sans modération.

En amont de cette première soirée de festival, une conférence nommée « War On Us » a vu Edwy Plenel, rédacteur en chef de Mediapart, et Amira Souilem, correspondante de RFI Tunisie, évoquer la situation géopolitique actuelle.

« Mes pays de cœur »

A l'issue des débats, Edwy Plenel a expliqué les raisons de son attachement particulier à la Martinique, à la Guadeloupe et à la Guyane, ses « pays de cœur ».

Dès que je suis invité en Martinique, en Guadeloupe ou en Guyane pour des événements comme celui-là, je dis oui, parce que ce sont mes pays de cœur. Ce sont des pays dont les luttes, dont les œuvres, dont les peuples portent pour moi dans le sursaut qui a été le leur face à l'immense souffrance qui a donné naissance aux populations de ces territoires. Je parle évidemment de l'esclavage et de la colonisation. Ce sont des pays qui, pour moi, sont porteurs de l'imaginaire dont nous avons besoin. L'imaginaire de la relation, comme disait Édouard Glissant. L'imaginaire de la précaution. L'imaginaire de la vigilance, du refus, de l'indifférence. Et c'est pour ça que je suis habité par les œuvres d'Aimé Césaire, d'Édouard Glissant, de Frantz Fanon et des contemporains qui les prolongent comme Patrick Chamoiseau et bien d'autres. Maryse Condé, que j'ai connu également.

« Un journalisme de réflexion »

L’ancien rédacteur en chef du Monde est aussi revenu sur le bien-fondé de l'information, pour instruire de manière éclairée les citoyens que nous sommes. 

Il faut essayer de voir clair. Nous, on apporte des informations. Depuis des années, elles montrent que la catastrophe est là, que nous dégringolons en termes d'exigences éthiques, de solidarité internationale, de respect du droit, de respect de l'État de droit, de respect du droit international. Des crimes de génocides, des crimes contre l'humanité ont lieu sous nos yeux. Quand on chronique la catastrophe par des faits, par des informations, il faut réfléchir, à ce qu'elle nous dit. Donc, ce n'est pas pour moi un journalisme partisan, c'est un journalisme de réflexion qui essaye de donner du sens.

« Croiser les sources et les regards »

Grande témoin de l'instabilité politique qui touche le Moyen Orient, la reporter Amira Souilem a expliqué l'importance des journalistes, notamment sur le terrain des guerres et des révoltes populaires. 

Je continue de penser que c'est le plus beau métier au monde et qu'on en a aujourd'hui plus que jamais besoin, à l'ère de l'IA, des fake news, etc. Plus que jamais, on a besoin de journalistes. Je ne sais pas s'il y a une bonne information. Moi, le conseil que je donne, c'est plutôt de multiplier au maximum les sources, ne pas hésiter à lire et à consulter des médias différents et, notamment, des médias de pays différents. Il faut croiser les sources, croiser les regards, je crois que c'est très important. Parce que sur une même actualité, on va avoir des angles et des regards différents et je pense que chaque article peut être considéré un peu comme une pièce de puzzle. Et plus on collectera de pièces de puzzle, plus on aura une vision un peu globale et distanciée sur la situation qui nous intéresse.

A noter que ce dimanche (12 octobre), Monde en Vues rend hommage à Frantz Fanon au MACTe, à partir de 15 heures.


√ Rejoignez notre Chaîne Whatsapp, RCI INFOS GUADELOUPE, pour ne rien rater de l’actualité : cliquez ici.

Tags