Xénophobie et racisme : la commission nationale consultative des droits de l’Homme rend son rapport
La CNCDH, la Commission nationale consultative des droits de l’Homme, a rendu public aujourd'hui (jeudi 8 juillet) son rapport annuel sur le racisme, l'antisémitisme et la xénophobie. Elle fait état d'un maintien des préjugés contre certaines minorités mais d'une lente baisse de l'intolérance.
Maintien des préjugés mais lente baisse de l'intolérance
Ce sont plus de 300 pages de constats mais aussi de recommandations que la CNCDH, la Commission nationale consultative des droits de l’Homme, a rendu public aujourd'hui.
Elle y recommande notamment plus de formations pour les forces de l'ordre afin de lutter contre la "sous-déclaration massive" des actes racistes, la création d'une instance de régulation pour lutter contre la haine en ligne, la remise de récépissé papier nominatif et précis pour les personnes contrôlées, plus de transparence dans l'attribution des logements sociaux.
Et comme chaque année, la CNCDH évoque son "baromètre", qui évalue les perceptions et les attitudes racistes, et analyse les opinions des Français à l'égard de l'autre.
Avec la crise sanitaire, il n'a pas été possible pour la commission d'établir son fameux "indice longitudinal de tolérance". Mais d'après les données qui ont pu être recueillies en ligne, les préjugés restent présents envers certaines communautés même si la tolérance envers les minorités continue sa progression.
En 2019, "l'indice de tolérance" était de 79 sur 100 à l'égard des personnes noires. Cette année, c'est l'indice de perception de groupe à part qui a été utilisé, comme le souligne Nonna Meyer, directrice de recherche au CNRS et membre de la CNCDH :
Ceux qui sont le plus perçus comme à part et formant vraiment une communauté, ce sont les rhoms, avec 75%. Ensuite viennent les musulmans avec 47%, puis les Maghrébins, ensuite les Chinois. Les Chinois étant plus rejetés, à cause du covid, que les asiatiques en général car on est à 40% pour les Chinois et de 28% pour les asiatiques. Ensuite viennent les juifs et les noirs. Et ceux qui sont perçus le moins comme un groupe à part, ce sont les Antillais
La question de la haine en ligne
Et dans ce rapport, il est aussi question de la haine en ligne, dont on parle beaucoup en ce moment.
Alors qu'elle a adopté aujourd'hui à l'unanimité un avis sur le sujet, la CNCDH demande de renforcer les obligations des plateformes comme les réseaux sociaux, en matière de signalement et de modération, de renforcer les droits des utilisateurs et de faire de la prévention auprès du public le plus vulnérable, notamment les plus jeunes. La commission insiste enfin sur la mise en place de politiques publiques efficaces, comme le souligne Celia Zolynski, professeure de droit privé et membre de la CNCDH sur la lutte contre la haine en ligne :
On appelle à se saisir du phénomène de la haine en ligne dans sa globalité. Il convient de renforcer encore les moyens de la justice. Mais face à la massification du phénomène, la CNCDH recommande également la création d'un organisme public indépendant dédié à la haine en ligne. Pour mieux accompagner les utilisateurs, les victimes, dans leur relation avec les plateformes et les pouvoirs publics, ainsi qu'accompagner la recherche sur les techniques de modérations mises en place