« Lobbying intense » : le Groupe Bernard Hayot visé par une enquête de la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique
La Haute Autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP) a officiellement ouvert une enquête sur le Groupe Bernard Hayot (GBH) le 21 février dernier, à la suite d’un signalement effectué par l’Organisation Non Gouvernementale « Transparency International France ».

Le Groupe Bernard Hayot (GBH) est de nouveau dans le viseur. Cette fois-ci, annonce l’Organisation Non Gouvernementale Transparency International France, c’est la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP) qui a ouvert une enquête le 21 février dernier.
À l’origine du signalement à cette instance le 3 février, l’ONG spécialisée dans la lutte contre la corruption pointe « une possible omission de déclaration d’activités de représentation d’intérêts de la part de GBH et de certaines de ses structures affiliées ».
Pour cela, Transparency International France s’appuie notamment sur des propos tenus dans l’article de Libération paru le 9 janvier 2025 et intitulé « Vie Chère aux Antilles, les profits suspects du Groupe Bernard Hayot en Outre-Mer ».
Selon l’ONG, l'article évidence des « pratiques d’influence du Groupe Bernard Hayot auprès des décideurs politiques ».
Elle s'appuie notamment sur les propos de Max Dubois, ancien conseiller spécial du ministre délégué aux outre-mer, qui indique avoir, à cette époque, vu « Bernard Hayot venir huit fois en personne rencontrer le ministre » ou encore l’ex-ministre Jean-François Carenco, lui-même, évoquant un « lobbying intense ».
« Activités de lobbying de manière régulière »
Après l’article de Libération, Transparency International France assure avoir « mené une analyse approfondie du répertoire des représentants d’intérêts de la HATVP ».
Résultat : ni GBH ni ses mandataires, l’Association martiniquaise pour la promotion de l’industrie (A.M.P.I.) et le Comité martiniquais d’organisation et de défense du marché du rhum (Coderum), n’étaient enregistrés, alors même qu’ils semblent exercer des activités de lobbying de manière régulière », indique-t-elle.
Pour elle, les rencontres répétées entre Bernard Hayot, fondateur du groupe, et des ministres en charge des outre-mer, les échanges directs avec des décideurs publics et l’absence totale d’enregistrement du Groupe Bernard Hayot et de ses mandataires » ont justifié la saisine de la HATVP.
Cette dernière devra, à l’issue de son enquête, dire s’il y a, ou non, des manquements en matière de transparence, dans les relations entre le groupe GBH et les acteurs publics.
Pour rappel, à la suite de l’article de Libération, une plainte collective, pénale cette fois-ci, a également été déposée par Me Renaud Portejoie, avocat au barreau de Fort-de-France, au nom « de quatre lanceurs d’alerte », contre les acteurs de la distribution pour « entente » et « abus de position dominante ».
Ce sont ces mêmes quatre citoyens qui ont attaqué le groupe GBH au tribunal mixte de commerce de Fort-de-France, pour lui intimer de publier ses comptes. La décision sera rendue le 4 avril prochain.