Le sexisme progresse en France, un constat alarmant du Haut conseil à l'égalité
Le 22 janvier, le Haut conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes (HCE) a publié son 6e rapport annuel sur l’état des lieux du sexisme en France : « s’attaquer aux racines du sexisme ». Le constat est alarmant, car selon les dernières données, le sexisme progresse sur notre territoire.
« Faisons du sexisme de l’histoire ancienne ! » : c’est le message porté par la nouvelle campagne de sensibilisation du Haut conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes en vue de la première journée nationale de lutte contre le sexisme qui aura lieu ce jeudi 25 janvier. Pourtant, les stéréotypes qui alimentent le sexisme en France persistent, et progressent.
Dans ce rapport 2024, on apprend notamment que 92% de la population considère que les femmes et les hommes ne sont pas traités de la même manière dans au moins une sphère de la société. Le sexisme demeure une réalité grave, vécue au quotidien par les femmes, et cela dans toutes les sphères de leur vie.
À titre d’exemple, 70% des hommes pensent encore qu’un homme doit prendre soin financièrement de sa famille afin d’être respecté dans la société, c’est aussi ce que pensent 63% des femmes. De plus, un quart des hommes de 25-34 ans pense qu’il faut parfois être violent pour se faire respecter. 31% pensent aussi qu’ils doivent savoir se battre.
On note aussi que 78% des femmes pensent que pour correspondre aux attentes de la société elles doivent être sérieuses, un avis que partagent 70% des hommes. Elles devraient aussi être discrètes selon 60% des femmes, ou encore avoir des enfants, selon 52% des femmes.
Des stéréotypes qui progressent
Le rapport de la HCE montre que des clichés de genre sont de plus en plus ancrés. Ainsi, l’idée « qu’il est plus difficile pour les hommes de pleurer que pour les femmes » gagne 3 points » (42%). Ou encore que les hommes « sont meilleurs en math » prend 4 points (17%). Il en va de même pour l’idée que la contraception « est une affaire de femme », +4 points (26%). Le « barbecue est une affaire d’homme » gagne 3 points aussi (26%). Et plus d’un homme sur 5 de 25-34 ans considère normal d’avoir un salaire supérieur à sa collègue à poste égal.
Du côté des clichés ancrés chez les femmes, l’idée qu’elles seraient « naturellement plus douces que les hommes » progresse de 3 points (53%). L’idée « qu’il est normal qu’elles s’arrêtent pour s’occuper de leurs enfants) gagne 7 points (34%).
Face au sexisme, il semblerait que les femmes prennent conscience qu’elles renoncent parfois à leur liberté. Ainsi, elles sont désormais 9/10 à déclarer renoncer à des actions ou à modifier leur comportement pour ne pas être victimes de sexisme.
Le sexisme sur Internet
Par ailleurs le masculinisme gagne du terrain, tout comme le retour d’injonctions conservatrices. Comme en témoignent les nombreux hashtags sur les réseaux sociaux « tradwif » (femme traditionnelle), « stayathomegirlfiend » (petite copine d’intérieur).
Des chiffres qui sont en contradiction avec l’affichage antisexiste qui progresse également. Notamment en ce qui concerne les violences sexistes et sexuelles. Car le sexisme alimente les violences sexistes et sexuelles qui ne reculent pas en France. En effet, 37% des femmes déclarent toujours avoir vécu une situation de non-consentement.
En ligne, 75% des femmes affirment ne pas être traitées à égalité (ce que corroborent les études des contenus les plus vus sur Instagram, où 68% des vidéos véhiculent des stéréotypes assignant les femmes à la maternité). Plus grave encore, les vidéos pornographiques diffusent des contenus misogynes d’une rare violence que 64% des hommes de 25-34 ans disent imiter dans leurs relations sexuelles.
S’attaquer aux racines du sexisme
Cette étude met en avant la nécessité de soigner le mal à la racine, dès le plus jeune âge, quand on constate notamment que 92% des vidéos pour enfants contiennent des stéréotypes genrés. La HCE recommande ainsi d’éduquer à l’égalité à travers un programme de sensibilisation adapté, de réguler la présence et l’image des femmes dans le secteur du numérique, et aussi de sanctionner en faisant du délit de sexisme un véritable outil juridique de condamnation du sexisme.