Le CESE dénonce des inégalités persistantes et appelle à un sursaut pour l’égalité réelle

Par 31/10/2025 - 10:00

Dans rapport intitulé "Egalité des chances : mythe ou réalités", le conseil économique, social et environnemental (CESE) dresse un constat sévère sur les inégalités économiques, sociales et territoriales entre l’Hexagone et les Outre-mer. Plusieurs décennies de politiques publiques qu'on pas réussi à les combler.

    Le CESE dénonce des inégalités persistantes et appelle à un sursaut pour l’égalité réelle

 Dans son rapport annuel sur l’état de la France, l’institution appelle à un sursaut collectif pour faire de l’égalité des chances une réalité vécue par les citoyens ultramarins.

Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Selon les données du CEROM, le PIB par habitant atteint 36 000 euros dans l’Hexagone, contre 28 600 euros en Martinique, 27 400 euros en Guadeloupe, 26 300 euros à La Réunion, 17 100 euros en Guyane et à peine 10 200 euros à Mayotte.

Ces écarts se traduisent par une pénalité d’opportunités éducatives et professionnelles pour les natifs des Antilles et de La Réunion : ils ont 20 à 25 % de chances en moins d’obtenir un diplôme du supérieur, 12 % de chances en moins d’accéder à l’emploi, et jusqu’à 45 % de chances en moins d’occuper un poste de cadre par rapport aux métropolitains.

Vie chère et pauvreté

Le CESE rappelle que la vie chère demeure l’un des principaux freins à l’égalité réelle. Les prix à la consommation sont de 9 à 16 % plus élevés que dans l’Hexagone, alors que les revenus moyens y sont nettement inférieurs. Résultat : près de 900 000 personnes vivent sous le seuil de pauvreté dans les Outre-mer.

Le logement constitue un autre point noir : près de 600 000 personnes vivent en situation de mal-logement, notamment en Guyane et à Mayotte. Depuis la loi sur l’égalité réelle Outre-mer de 2017, la production de logements reste insuffisante, avec moins de 13 000 constructions par an, dont 5 700 logements sociaux seulement.

 Des retards dans les droits sociaux

Le CESE plaide pour une péréquation tarifaire de l’électricité afin d’assurer des tarifs équitables dans l’ensemble des territoires, y compris en Nouvelle-Calédonie et en Polynésie française, où ce mécanisme n’est pas appliqué.

L’institution demande aussi l’alignement rapide des prestations sociales à Mayotte, où le RSA reste deux fois inférieur à celui de la métropole (317 euros contre 635 euros).

Sur le plan sanitaire, les inégalités d’accès aux soins demeurent fortes, et les territoires les plus fragiles manquent de structures et de professionnels.

Jeunesse sacrifiée

Le chômage reste structurellement élevé dans l’ensemble des Outre-mer : 15 % en Guadeloupe, 16 % à La Réunion, 37 % à Mayotte. Les jeunes sont particulièrement touchés : un quart des 15–29 ans ne sont ni en emploi, ni en études, ni en formation (NEET).

Le CESE souligne également la faible réussite scolaire et la prévalence de l’illettrisme. L’institution appelle à une mobilisation nationale pour l’éducation, en renforçant la scolarisation dès 3 ans, les apprentissages fondamentaux et la lutte contre l’illectronisme.

Deux leviers pour l’avenir

Pour le CESE, l’avenir passe par deux leviers majeurs : la formation et la mobilité.
La délégation préconise de renforcer la mobilité interne et externe, en faisant de la continuité territoriale un véritable service public, avec un financement accru de LADOM et une meilleure accessibilité des transports publics.

Elle recommande aussi de réviser la carte des formations dans chaque territoire, en l’adaptant aux besoins économiques locaux : développement de l’enseignement supérieur, soutien aux filières techniques et numériques, et recours accru à l’apprentissage et au Service militaire adapté (SMA).


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