L'Assemblée nationale lance une consultation publique sur le cannabis
Cette consultation, en ligne depuis le 13 janvier, devrait permettre aux parlementaires de connaître les attentes et l'opinion des citoyens autour de la dépénalisation ou de la légalisation du cannabis thérapeutique. Un rapport sera ensuite établi par les élus, et remis « fin mars-début avril ».
Êtes-vous pour ou contre l'usage du cannabis thérapeutique ? La question se pose en France, où la législation est l'une des plus répressive d'Europe, tandis que ses habitants sont les premiers consommateurs de cannabis du continent, avec 5 millions d'usagers dans l'année et 900.000 fumeurs quotidiens.
Afin d'établir un nouveau rapport sur le sujet, les parlementaires ont décidé de s'appuyer sur l'opinion des Français. Aussi, depuis le 13 janvier dernier, l'Assemblée nationale a mis en ligne une consultation publique sur le cannabis récréatif, dont la consommation, la possession et la vente sont interdites en France. Ce questionnaire d'environ cinq minutes est disponible pendant 6 semaines sur le site de l'Assemblée nationale.
La mission d’information parlementaire sur la réglementation et l’impact des différents usages du cannabis mène cette enquête : elle devra rendre son rapport sur le cannabis récréatif d'ici fin mars – début avril.
L'enquête publique doit permettre aux parlementaires de vérifier si, comme l'indiquent de récents sondages, près d’un Français sur deux est favorable à un changement de législation.
« C'est une excellente initiative pour au moins deux raisons : d'abord, parce qu'on n'a jamais su quelle était la proportion de personnes favorables ou défavorables à l'usage du cannabis récréatif. Et puis il y a une pression sur la France qui est le pays le plus répressif », affirme le docteur Aimé Charles-Nicolas, professeur émérite de psychiatrie et d’addictologie.
Selon l'OFDT, l'Observatoire français des drogues et des toxicomanies, 18 millions de Français ont testé au moins une fois du cannabis au cours de leur vie, et 5 millions en consomment au moins une fois par an.
« Si le cannabis est dépénalisé ou légalisé, il serait au même niveau que l'alcool et répondre à la question "est-ce que le cannabis est un danger", ce serait la même chose que de répondre à la question « est-ce que l'alcool est un danger », explique le Docteur Jean-Marie Bolivar. Selon ce praticien hospitalier, chef du service d'addictologie du C.H.S.E à l'hôpital du Saint-Esprit, l'alcool est en effet un danger pour ceux qui prennent le volant par exemple, mais nombreux sont les consommateurs qui savent être raisonnés.
Il faudrait donc l'interdire aux jeunes pour limiter les risques de carence dans l'apprentissage, puisque le cannabis agit sur les facultés de mémorisation, et également réfléchir autour de la conduite et du cannabis, comme c'est le cas pour l'alcool au volant, par exemple.
Travail législatif également autour des autres usages du cannabis
Après s'être penchée sur le cannabis thérapeutique et avant le rapport sur le cannabis "récréatif", la mission d'information parlementaire doit rendre, d'ici la mi-février, ses conclusions sur le cannabis dit de "bien-être" (cannabidiol, ou CBD).
Son interdiction en France a été jugée illégale le 19 novembre par la Cour de justice de l'Union européenne, une décision qui prive de base légale de nombreux procès en France et ouvre de nouvelles perspectives à l'industrie du chanvre.
Autorisée en 2019 par l'Assemblée nationale, mais repoussée par la crise sanitaire, l'expérimentation du cannabis thérapeutique (à l'exception de celui à fumer) pour au moins 3.000 patients souffrant de maladies graves doit commencer au plus tard le 31 mars.