« Eau secours », une campagne de financement lancée pour un jeu vidéo de sensibilisation
Ce 1er septembre, une campagne de financement participatif est lancée pour la réalisation du jeu vidéo « Eau secours ». Après une version bêta, Samora Curier, à l’origine de cette idée souhaite aller plus loin pour porter hors de notre territoire la problématique de l’eau.
« Eau secours » est un jeu vidéo présenté comme un puzzle game. Il a pour but de traiter des problématiques de l’eau que l’on rencontre en Guadeloupe, mais fait aussi écho à des situations similaires rencontrées à Mayotte et en Martinique.
Toucher « d’autres sphères »
« On a un vrai souci d'accès à l'eau, un réseau d'eau qui est vétuste, qui a des centaines et des centaines de fuites qui ne se résorbent pas autant qu'on le voudrait et qui crée un véritable handicap pour les gens. Socialement, c'est très compliqué, par exemple de juste prendre une douche, se laver les mains à l'école… », souligne Samora Curier à l’origine du concept. Connu notamment pour ses podcasts, ses vidéos sur les réseaux sociaux et son activité sur Twitch sous la bannière de « Le Mwakast », ce jeune guadeloupéen de 33 ans a pour habitude de s’intéresser aux sujets qui touchent notre territoire et la Caraïbe plus largement, souvent avec une touche d’humour.
Avec « Eau secours », il souhaiter aller plus loin :
Il y a deux objectifs. Pour les gens qui vivent dans les territoires, c'est d'une manière pédagogique leur expliquer les tenants et aboutissants de cette histoire à travers un truc fun. Par exemple, il y aura des phases de jeu, mais il y aura aussi des phases un peu plus sérieuses où on va relater des faits qui ont été sourcés par des médias, par des journalistes … pour expliquer le déroulé de pourquoi on en est arrivé là. Et pour les non-initiés, les gens qui ne connaissent pas, c'est une découverte différente, un peu une « initiation » à nos problématiques.
Car la volonté de Samora Curier est de faire en sorte de toucher un nouveau public, loin de cette situation difficile qui nous touche. Et pour ce faire ce passionné de jeux vidéo à opter pour ce format plutôt original.
Des professionnels du jeu
J'ai eu ma première console, je devais avoir même pas 10 ans. Et j'ai toujours trouvé que le jeu vidéo, c'était un média qui était à la fois sous-coté et en même temps qui touchait plein de gens. C'est-à-dire qu'on en parle peu, mais c'est sûrement le média qui doit rapporter le plus d'argent dans le monde, qui est le plus usité.
Avec une formation de design en poche, le podcasteur a d’ailleurs réalisé son mémoire sur « le jeu vidéo et la pédagogie par le jeu ». « Le jeu, c'est un des très bons vecteurs pour apprendre des choses », fait-il remarquer.
C’est ainsi qu’il a embarqué avec lui deux acolytes pour la réalisation du jeu « Eau secours ». Kévin, alias KJP, un Guadeloupéen pixel artiste : « Il fait de l'art avec le style des anciens jeux vidéo, un peu pixel art. Il est extrêmement bon. Il était récemment à Los Angeles pour son travail. C'est un de nos grands représentants de l'art numérique et qui n'est pas assez connu », précise Samora Curier. Et aussi le développeur sous le pseudo de RM. « RM, c'est un gars de l'Hexagone, mais qui était très touché par le sujet et qui fait plein de jeux. Il bosse dans ce monde-là et ça lui plaisait de venir aussi soutenir une cause plus grande que juste faire un jeu. Nous sommes les trois mousquetaires sur ce projet ». De son côté, Samora en est le « producer ». Il a travaillé l’histoire, réfléchi au « game play » et se charge de la communication.
Un crowdfunding
Une communication d’autant plus nécessaire qu’ils sont à la recherche de financements « indépendants » pour ce jeu qu’il aimerait mettre en service courant 2024.
Cela demande du temps, ça demande des moyens. Faire un jeu vidéo, ce n'est vraiment pas aussi simple que ce que les gens peuvent croire. C'est beaucoup, beaucoup de travail et on a besoin aussi de se dégager du temps et de financer certaines choses comme la musique du jeu, par exemple.
Pendant 35 jours, l’équipe du jeu « Eau secours » espère récolter 2 000 à 20 000 euros. « 2 000 euros qui nous permettront de faire un truc basique, juste cleaner ce qu'on a déjà fait et on espère, si on arrive à toucher jusqu'à 20 000 euros, faire un vrai jeu. Mais il faut savoir que 20 000 euros, ce n'est même pas le prix d'un vrai jeu vidéo. C'est vraiment parce que nous, on rogne ».
KJP, RM et Samora entendent en effet donner de leur personne pour faire un jeu gratuit et accessible à tous sur une thématique qu’ils considèrent « porteuse de sens » et se tiennent à la disposition des éventuels contributeurs qui souhaitent leur poser des questions sur les réseaux sociaux.
On n'est pas là pour devenir riche sur ce jeu. L'idée, c'est de pouvoir le financer à hauteur de ce qu'on peut et nous, à toucher le minimum de ce qu'on peut toucher, dit Samora.
Une façon autre et impactante de faire savoir les difficultés que rencontrent nos populations privées d’un accès à l’eau potable et courante. Et cela semble fonctionner. Après la version bêta, des médias hexagonaux et associations se sont intéressés à « Eau secours » l’an dernier, de quoi donner une autre visibilité à ces problématiques de l’eau grâce à la création d’un jeu vidéo.