Deux fois plus de familles monoparentales en Outre-mer qu’en métropole selon l’INED

Par 27/06/2025 - 15:13 • Mis à jour le 27/06/2025 - 18:05

Une étude publiée cette semaine par l’Institut National d’Études Démographiques (INED) met en lumière une réalité bien connue mais désormais documentée avec précision : la monoparentalité est deux fois plus fréquente dans les départements et régions d’Outre-mer que dans l’Hexagone

    Deux fois plus de familles monoparentales en Outre-mer qu’en métropole selon l’INED

L'étude baptisée "Être mère sans vivre en couple : une norme en outre-mer ? Parentalité hors couple dans les parcours familiaux" a été rédigée par Arnaud Régnier-Loilier, directeur de recherche à l’INED. Elle dévoile qu'entre 2006 et 2021, le nombre de familles monoparentales a augmenté de plus de 10 % en Guadeloupe et en Martinique. Aujourd’hui, elles représentent 54 % des familles en Martinique et 52 % en Guadeloupe. Dans plus de 90 % des cas, il s’agit de mères élevant seules leurs enfants.

Des mères mais pas des épouses

L’INED souligne que, contrairement à la métropole où la monoparentalité résulte souvent d’une séparation après une vie de couple, aux Antilles, elle commence fréquemment dès la première naissance, sans cohabitation préalable avec un partenaire. Ainsi, 47 % des premières naissances en Martinique et 42 % en Guadeloupe surviennent hors couple. Ce schéma tend à se reproduire lors d’une deuxième naissance.

Autre spécificité relevée : la précocité de ces maternités. Si l’âge moyen du premier enfant tend à augmenter en Outre-mer comme en métropole, la moitié des femmes antillaises concernées deviennent mères hors couple avant 22 ans, et 17 % avant l’âge de 18 ans.

Un profil social

Ces situations s’accompagnent souvent de conditions sociales fragiles. Selon l’étude, les mères en situation de monoparentalité sont souvent moins diplômées, ont connu de grandes difficultés économiques dans leur jeunesse et ont elles-mêmes grandi dans des familles monoparentales. Aujourd’hui, 17 % de ces familles sont en situation de grande pauvreté en Martinique et en Guadeloupe.

L’étude s’interroge sur les causes de cette parentalité en solo fréquente en Outre-mer. Ces grossesses sont-elles planifiées ? Résultent-elles d’un désir d’identité sociale à travers la maternité ? D’une volonté de fuir des violences conjugales ? L’auteur évoque aussi le rôle encore central de la figure féminine du "potomitan" et la persistance d’une organisation matrifocale des familles dans ces territoires.


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