CNCDH : le fléau du racisme toujours bien présent

C'est par un triste constat que le président de la commission a commencé la conférence de presse ce mardi matin. Jean-Marie Burguburu a ainsi dénoncé la "permanence des discours racistes, antisémites et xénophobes dans l'espace public ou les réseaux sociaux"...trop souvent "dans l'impunité" en raison de l'anonymat. Autre constat, plus inquiétant : "la permanence des passages à l'acte violents".

Dans son rapport, la CNCDH s'appuie sur des nombreuses études. Le nombre annuel de crimes et délits à caractère raciste enregistrés par les forces de sécurité aurait ainsi augmenté de 10 % entre 2021 et 2022. Toutefois, il ne faut pas omettre le fameux "chiffre noir", les actes qui passent sous le radar de la justice.

Selon les premiers résultats de l'enquête «Trajectoires et Origines» mentionnés dans le rapport, 27% des originaires natifs des Outre-mer et 26% des descendants de natifs ont répondu par l'affirmative à la question "au cours des cinq dernières années, pensez-vous avoir subi des traitements inégalitaire ou des discriminations ?".

Autre donnée : celle de la visibilité, de la représentation des ultramarins à la télévision. Selon le baromètre CSA/Arcom, elle a continué à chuter depuis la disparition de France Ô, avec -7 points pour la dernière édition.

Dans la 36ème édition du baromètre CNCDH, en novembre 2022, 9% des personnes interrogées ont estimé que les antillais était un "groupe à part" alors qu'ils étaient 11% en mars-avril de la même année. Pour les asiatiques, ce sentiment est approuvé par 24% des sondés et par 67% pour les roms.

Le sondage comprenait aussi une question spécifique à la population noire, relative à la mémoire de la traite et de l’esclavage. 45,5% des sondés ont estimé qu'on "n'en parle pas assez", 39% "juste ce qu'il faut". Et moins d’un sur dix seulement qu’on en parlerait "trop".

31 recommandations

Dans son rapport, la CNCDH formule plusieurs propositions, comme la mise en place de la plainte en ligne pour les victimes de discrimination, l'adaptation des sanctions aux faits et à la personnalité de l'auteur. La CNCDH estime aussi qu'il faut renforcer la sensibilisation des enquêteurs à un accueil respectueux des victimes, former davantage les mêmes services d'enquête et les magistrats en matière d'infraction racistes.

Parmi les recommandations, il est aussi question de l'organisation d'une convention citoyenne sur les migrations, de la demande d'un fort rééquilibrage des politiques territoriales, d'un meilleur soutien aux mouvements citoyens, associatifs engagés, de la création d'un organisme indépendant lié à la lutte contre la haine en ligne ou encore d'un plan national sur la formation à la citoyenneté numérique.

La CNCDH insiste aussi sur le fait qu'une réponse "à la hauteur des enjeux" est nécessaire et espère que le plan national lancé il y a quelques mois le sera.

Dans un contexte marqué par la montée en puissance d’un discours identitaire aux relents xénophobes, où des faits-divers tragiques sont récupérés politiquement pour mieux exacerber les tensions et où, sur les réseaux sociaux, la haine de l’Autre sous toutes ses formes s’exprime encore bien trop souvent sans retenue, la mise en œuvre de ce plan, dont l’évaluation revient à la CNCDH, sera, je l’espère, à la hauteur des enjeux.