Airbags Takata : « Ils ont tué mon père », les victimes veulent des réponses
Une réunion publique s’est tenue hier soir (mardi 24 juin), à Paris, sur la responsabilité des constructeurs automobiles en matière de sécurité routière. Face au scandale des airbags Takata, plusieurs actions collectives ont été lancées. Les victimes attendent des réponses.
Une réunion publique s’est tenue hier soir (mardi 24 juin), à Paris, sur la responsabilité des constructeurs automobiles en matière de sécurité routière.
Organisée par l'avocat Maître Lèguevaques, elle a été l'occasion d'évoquer les défaillances des moteurs PureTech et des airbags Takata, alors que le ministère des Transports a annoncé avoir demandé l'immobilisation de 800 000 véhicules supplémentaires équipés de ces airbags.
Le point sur les procédures en cours, notamment les actions collectives, a aussi été fait.
« Son airbag a explosé »
Lors de cette réunion publique, Vickie Abeli a livré un témoignage poignant devant le public. La jeune femme, qui vit en région parisienne, a perdu son père en juillet 2024.
À l'entrée d'un rond-point sur la commune de Lamentin, en Guadeloupe, et il a eu un léger choc avec un véhicule à l'avant et son airbag s'est déclenché. Il ne s'est pas gonflé, il a explosé. Le fait d'avoir laissé son véhicule, en tout cas en circulation, en n'ayant pas mis les moyens concrets pour rappeler les véhicules, ils ont laissé un véhicule qui a explosé, qui a tué mon père.
« Les victimes ont soif de comprendre »
L'instruction unique qui, à Paris, regrouperait tous les dossiers n'a pas encore débuté. Les avocats y travaillent activement et veulent que les moyens soient mis, car les attentes sont nombreuses, comme nous l'explique Maître Coppet, qui représente onze familles concernées.
Toutes ces malheureuses victimes, elles ont soif de comprendre, elles ont soif qu'on leur révèle des choses. Qu'on leur dise pourquoi, à quel moment, on a décidé de vendre ces produits qui étaient des défectueux, de les laisser circuler et de ne pas les rappeler.
Une réaction trop tardive
Les dernières annonces d'immobilisation de véhicules par le ministère des Transports sont intervenues quelques heures avant la réunion publique.
Pour Maître Lèguevaques, qui représente de nombreuses victimes, il est regrettable que le gouvernement hausse vraiment le ton seulement après les décès dans l'Hexagone.
Ce n'est pas un sentiment, c'est une réalité. Il a fallu plusieurs morts outre-mer pour qu'il y ait un début de réaction, mais surtout, la réaction a été vive lorsqu'il y a eu deux morts dans l'Hexagone. Sans cela, on serait toujours dans l'attente d'une réaction officielle des pouvoirs publics qui s'est fait attendre depuis 10 ans et qui maintenant arrive, mais qui est encore très partiel.
« Offrir des moyens de mobilité »
Pour Maître Charles-Henri Coppet, c'est une bonne chose mais il faut préparer ces immobilisations.
Ces mesures annoncées par le ministère correspondent à nos revendications. C'est-à-dire effectivement que le stop drive soit étendu à tous les véhicules et pas uniquement à Stellantis. Et aussi, de manière très importante, que les moyens soient mis pour que les moyens de mobilité soient offerts à ceux qui sont privés de leur véhicule. C'est aussi extrêmement important. Il faut aussi penser à l'exemple de La Réunion, qui a fait un stop drive total sur tous les véhicules. Il n'y a eu aucune solution de mobilité qui a été offerte. Et à ce jour, plusieurs mois après le stop drive de La Réunion, des véhicules restent à traiter là-bas. Ce qui montre bien que décréter un stop drive sans mettre les moyens, sans en même temps cadrer ceux qui sont en charge d'assurer le remplacement des airbags, ça revient effectivement à une demi-mesure, sinon une mesurette. Ce qu'il faut aussi avoir à l'esprit, c'est que ces remplacements d'airbags qui se font avec des gens qui doivent déplacer leur véhicule, c'est aussi un danger de plus. Il faut absolument contraindre les marques à fournir des solutions de changement sur place, là où vivent les gens, avec des camions de réparation, avec des ateliers mobiles. Ça se fait, ça s'est fait aux États-Unis. Il est temps que ça se passe aussi chez.
Manuels Valls « déterminé »
Lors de cette soirée, la députée de La Réunion, Karine Lebon, est intervenue pour affirmer qu'elle ne désespérait pas d'inscrire à l'ordre du jour de l'Assemblée nationale une commission d'enquête sur les airbags Takata. Elle avait été rejetée en avril dernier par la conférence des présidents.
Et le ministre des Outre-mer, Manuel Valls, a aussi affirmé sur ses réseaux sociaux que sa « détermination » était « totale » « face à ces drames qui ont endeuillé nos Outre-mer ». « Protection des automobilistes, soutien aux victimes, responsabilité pleine des constructeurs », a-t-il ainsi précisé sur X.








