Un rapport met en exergue la situation critique des Urgences en France

Par 20/03/2025 - 11:17

Une vaste enquête menée par le ministère de la Santé en 2023 met en lumière la situation critique des Urgences en France hexagonale. L’analyse a été rendue publique hier (mercredi 19 mars). Le constat est sans appel, la situation s’est dégradée en 10 ans. La durée moyenne de passage aux urgences est notamment passée de 4 à plus de 5 heures. Les Antilles ne sont pas épargnées.

    Un rapport met en exergue la situation critique des Urgences en France

Selon l’enquête du Ministère de la Santé, le délai moyen entre l’enregistrement administratif aux Urgences et la sortie, que ce soit pour rentrer chez soi ou pour être hospitalisé, atteint plus de 5 heures. Il y a 10 ans, ce laps de temps n’était que de 4 heures !

Le délai médian, lui, est passé de 2h15 à 3 heures (c’est-à-dire que la moitié des patients y passent désormais plus de 3 heures). À titre d’exemple, en 2013, un patient qui venait pour une maladie respiratoire restait aux urgences 4h30 contre plus de 6h en 2023.

Logiquement, les patients qui finissent hospitalisés restent plus longtemps que leurs voisins qui rentrent à la maison. La moitié d’entre eux restent au moins 19 heures aux Urgences.

Sans surprise, le rapport révèle aussi que le patient attend parfois, une partie du temps, sur un simple brancard dans des conditions précaires.

Les Antilles concernées au premier plan

Les Antilles n'échappent pas à cette tendance de la hausse du délai d’attente pour un patient, entre les démarches administratives du malade et son éventuelle prise en charge.

Les facteurs sont multiples, comme l’explique le Docteur Patrick Portecop, Chef de Service du SAMU de Guadeloupe.

Ce malaise doit être en rapport avec une difficulté d'accès aux soins auxquels sont confrontés les citoyens, en France hexagonale comme dans les Outre-Mer, mais singulièrement chez nous. Cette difficulté est beaucoup plus importante compte tenu de la démographie médicale qui est bien inférieure à celle du national. Nous avons par ailleurs une population chez nous qui est vieillissante et elle va augmenter. La proportion de personnes âgées qui vont fréquenter les urgences infectées de pathologies multiples va augmenter. Il y a un déficit de lits d'aval. La politique publique a consisté ces dernières années à la fermeture de lits pour un virage vers la prise en charge ambulatoire. Mais ce n'est pas aussi simple que cela avait été décrété, surtout chez nous, où on constate tout de même un certain niveau de précarité et d'indisponibilité à mettre en place systématiquement, quand on le souhaite, les mesures de soins à domicile.

Cette publication du Ministère de la Santé n’apporte, en revanche, pas d’information sur le temps d’attente entre l’arrivée aux urgences et la prise en charge. La crise des urgences n’est qu’une partie de celle de l’hôpital, qui n’est à son tour qu’un maillon de la crise plus globale du système de santé. Pour limiter les passages aux urgences, un service a été lancé en 2019, le Service d’accès aux soins.

En appelant le 15, chaque personne se voit orientée vers une téléconsultation, un rendez-vous en ville (en cabinet, en maison ou centre de santé), ou vers un service d’urgences lorsque la situation le nécessite.

Mais, aujourd’hui encore, trop de malades se présentent sans véritables urgences médicales, faute d'une prise en charge efficiente des patients guadeloupéens.

Trop de malades se rendent aux Urgences

La mise en place du service d'accès aux soins, basé sur le 15 amélioré, doit permettre de palier aux difficultés d'accueil.

Les précisions du Docteur Patrick Portecop :

Les services d'urgence ont été assimilés à l'entrée pour les patients dans le système hospitalier et non à un service à part entière où on procède à des explorations en rapport avec des situations d'urgence. Quand ils ont des difficultés à accéder à un plateau technique en ambulatoire en ville, au prix d'une certaine attente, les patients savent qu'ils auront satisfaction et ils sont prêts à attendre. Alors évidemment, c'est au détriment de la disponibilité des professionnels qu'il faut saluer, qui travaillent à l'intérieur et qui sont là surtout pour les situations d'urgence véritable.

Le système, heureusement se réorganise avec le déploiement du SAS qui est en cours en Guadeloupe, le service d'accès aux soins basé sur le centre quinze amélioré. Et il sera d'autant plus fonctionnel quand nous serons dans les nouveaux locaux du nouveau CHU.

Il est recommandé, encore une fois, d’appeler le 15 qui décidera de la meilleure orientation, en fonction de la pathologie.

 


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