Outre-mer : une enquête sur les taux de sucre dans les aliments bloquée dans les tiroirs de Bercy
Selon le Canard Enchaîné, le ministère de l'Economie retarde la publication une enquête de la direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) sur l'usage abusif de sucre dans les aliments transformés dans les Outre-mer.
Après la publication de la loi Lurel en 2013 pour limiter l'ajout de sucre dans les aliments transformés produits dans les Outre-mer, les parlementaires s'étaient plaints du manque de contrôle pour faire appliquer le texte. Il faut dire que la loi se basait sur un constat édifiant : les taux de sucre dans certains aliments comme les yaourts ou les sodas étaient plus élevés de 27% à 50% aux Antilles et à la Réunion que dans l'Hexagone.
Désormais, il semble que les contrôles soient au rendez-vous mais que le gouvernement ne soit pas trop pressé de voir les résultats publiés. C'est en tout cas ce qu'avance la Canard Enchaîné.
Selon l'hebdomadaire satirique, un rapport de la DGCCRF est particulièrement accablant pour les industriels de l'agro-alimentaire. Toujours selon le Canard, le ministère de l'Economie a préféré reporter la publication du fameux rapport à la fin de l'année.
Ce n'est pourtant pas la première fois que des manquements à la loi Lurel sont observés. En 2019, un rapport parlementaire avait relevé que "certaines marques ne jouent pas le jeu et continuent à proposer des produits aux teneurs en sucre différenciées".
La même année, un rapport de l'Institut de recherche pour le développement (IRD) avait aussi pointé du doigt le fait qu'aucun suivi statistique ne permettait de vérifier l'application du texte. Dans ce même rapport, les chercheurs mandatés par la Direction générale de la Santé avaient observé que les sodas commercialisés en Martinique et en Guadeloupe contenaient en moyenne 2 grammes de sucre en plus par 100 millilitres par rapport aux boissons commercialisées dans l'Hexagone.
Sur son compte twitter, la sénateur de la Guadeloupe, Victorin Lurel, s'est indigné que le rapport de la DGCCRF fasse l'objet d'un empêchement ministériel.
?Le @canardenchaine révèle que le Gvt cherche à enterrer un rapport « accablant » sur l’application de la loi sucre outre-mer. Avec @HVainqueur nous demandons @BrunoLeMaire de le rendre public et de sanctionner les entreprises fraudeuses. L’Etat doit faire respecter la loi pic.twitter.com/W1qfrKgmc9
— Victorin LUREL (@VictorinLurel) August 27, 2021
Hélène Vainqueur-Christophe, députée de la Guadeloupe, a co-signé le courrier adressé à Bercy.
Nous avons demandé des explications au ministre sur ce rapport pour savoir si il existe véritablement et quel en est le contenu. Je ne suis pas étonnée que des industriels n'aient pas respecté cette loi. Pour élaborer ce texte nous avons du nous battre contre des producteurs qui ne voyaient pas du tout l'intérêt de légiférer là-dessus. Ce rapport doit être publié et si il y a vraiment des industriels qui ne respectent pas la loi, il faut que des sanctions soient prises. Et il faut plus de transparence sur les taux de sucre pour faire appliquer cette loi
En Guadeloupe et en Martinique où le coronavirus fait des ravages le taux d'obésité dans la population approche des 30%. Lorsqu'on sait qu'il s'agit d'un facteur majeur de comorbidité qui facilite la létalité du covid-19, cette information résonne encore plus fortement en pleine vague épidémique.