L’impact du chlordécone sur la santé des enfants
Le 27 février une étude internationale a été publiée sur l’impact du chlordécone sur la santé et le développement des enfants. Cette enquête menée par une équipe de recherche internationale, dont des chercheurs de l'INSERM, elle montre que 30 ans après l’arrêt de son utilisation, l’insecticide continue d’avoir un impact.
Alors que le tribunal de Paris a prononcé un non-lieu dans le dossier des responsabilités engagées dans la contamination au chlordécone aux Antilles, on en apprend chaque jour un peu plus sur les conséquences de cette pollution sur la santé des Guadeloupéens.
Les résultats de l’étude menée sont sans appel : l’exposition au chlordécone, qu’elle ait lieu avant ou après la naissance, a un impact sur la capacité à acquérir des connaissances et le comportement des enfants.
Des conséquences avant et après la naissance
Avant la naissance, l’exposition à la molécule provoque des problèmes d’intériorisation, c’est-à-dire, des comportements anxieux, voire dépressifs avec des enfants souvent renfermés et qui se plaignent de divers maux comme des douleurs au ventre ou à la tête sans véritable cause. Ce sont principalement les petites filles qui y sont sensibles.
L’exposition postnatale, elle, affecte les capacités cognitives des enfants avec une diminution du raisonnement perceptif, de la mémoire de travail et de la compréhension verbale. Et cette fois, ce sont les garçons qui sont le plus touchés par cette contamination survenue au cours de l’enfance.
Une enquête menée avec des enfants de 7 ans
Il s'agit de la première étude qui examine les effets de cette molécule sur les fonctions cognitives et comportementales des enfants d'âge scolaire. Pour réaliser cette enquête, 576 enfants âgés de 7 ans et issus de la cohorte mère-enfant TIMOUN, ont fait l’objet d’un suivi. Les concentrations de chlordécone et d'autres contaminants environnementaux ont été mesurées dans le sang de cordon ombilical et d'enfants à l'âge de 7 ans.
En 2012, les résultats d’une première étude, dirigée par les professeurs Luc Multigner et Sylvaine Cordier, avaient déjà démontré l’impact de l’exposition prénatale sur les nourrissons.
L’étude publiée cette semaine fournit donc de nouvelles informations sur la neurotoxicité potentielle du chlordécone, qui persiste dans la population des décennies après son interdiction.