L’Institut Santé propose « le pari de l’autonomie » pour mieux vieillir en France

Par 22/09/2025 - 07:14

Un rapport de l’Institut de la Santé paru au mois de septembre prône une refondation pour soutenir la prise en charge des personnes âgées à domicile. Face à un système qui rencontre de plus en plus de difficultés pour répondre à la demande actuelle avec les besoins de prise en charge des personnes âgées en perte d’autonomie, l’Institut de santé propose une refonte ambitieuse dont les premières mesures peuvent être mises en place entre 2025 et 2026.

    L’Institut Santé propose « le pari de l’autonomie » pour mieux vieillir en France
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Cette refonte devrait fortement intéresser nos territoires, la Martinique et la Guadeloupe étant respectivement la première et deuxième région de France où la part des + de 60 ans est la plus élevée. Face au vieillissement de la population et à la hausse annoncée des personnes dépendantes, l’Institut Santé propose une refonte profonde de la prise en charge de la perte d’autonomie. Son objectif étant de passer d’un modèle centré sur la dépendance à un système qui privilégie la prévention, le maintien à domicile et la dignité des personnes âgées.

Six failles identifiées

Le rapport identifie six points faibles majeurs du système actuel :

-Une gestion du risque focalisée sur la « grande dépendance » (structures et budgets concentrés sur les cas les plus lourds

Un virage domiciliaire trop lent alors que la majorité des personnes souhaitent rester chez elles

-Une offre fragmentée entre santé, aide sociale, logement et vie sociale

-Un décalage entre l’offre disponible et les besoins réels des usagers ;

-Une gouvernance confuse, marquée par des rôles mal définis entre État, agences et départements

-Un financement jugé instable et difficilement soutenable à long terme.

Privilégier l’autonomie

Plutôt que d’augmenter mécaniquement les capacités d’accueil pour la grande dépendance, l’Institut Santé propose de placer la prévention et l’accompagnement précoce au cœur du dispositif. Concrètement : repérer les fragilités dès la retraite, développer des parcours individualisés, et créer le métier de care manager pour coordonner soins, aides et adaptations du logement.

Le rapport recommande de repenser les EHPAD : les transformer en établissements spécialisés pour les personnes en très grande dépendance, ou les reconvertir en résidences services seniors et habitats inclusifs. L’idée est de multiplier les alternatives intermédiaires et d’encourager le maintien à domicile par des services mieux coordonnés et plus accessibles.

Un nouveau modèle de financement

Avec le doublement attendu des personnes âgées dépendantes d’ici 2050, et un pic évalué d’ici 2030, le coût des dépenses publique pourrait atteindre deux pour cent du PIB si aucune réforme n’est entamée. Le rapport préconise un modèle basé sur trois composantes.

Une prestation unique autonomie financé par les impôts locaux pour les plus modestes, un système assurantiel public qui couvrira l’essentiel des dépenses autonomie du reste de la population dépendante, et qui sera financé par un mix de cotisations. Et un système assurantiel privé supplémentaire, obligatoire à partir de 60 ans, qui couvrira des services non remboursés par l’assurance publique autonomie.

-Une Prestation Unique Autonomie (PUA) pour les publics à faibles revenus

-Un système assurantiel public qui couvrira l’essentiel des dépenses autonomie du reste de la population dépendante, et qui sera financé par un mix de cotisations.

-Un système assurantiel privé supplémentaire, obligatoire à partir de 60 ans, qui couvrira des services non remboursés par l’assurance publique autonomie.

Le rapport propose de clarifier les rôles : l’État définirait la politique nationale via une loi de programmation, la CNAV (Caisse nationale d'assurance vieillesse) piloterait la prévention et le care management, tandis que les départements resteraient les chefs de file opérationnels pour organiser l’offre sur le terrain. Un calendrier de mise en œuvre est avancé, avec une loi de programmation recommandée pour 2027–2031 et des mesures immédiates à lancer entre 2025 et 2026.

L’institut Santé se positionne ainsi en faveur d’un système universel, plus humain et plus durable à entamer rapidement.


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