Chlordécone : une nouvelle étude pour évaluer l’imprégnation de la population aux Antilles
Une nouvelle étude pour évaluer l’imprégnation des habitants de la Guadeloupe et de la Martinique par la chlordécone – Kannari 2 – a été lancée la semaine dernière. Elle est prévue pour durer six mois, sur le terrain.
Dans le cadre du plan Chlordécone 4, une nouvelle étude – Kannari 2 - est lancée pour évaluer l’imprégnation des habitants de la Guadeloupe et de la Martinique par la chlordécone.
Le responsable de santé publique France pour la zone Antilles, Jacques Rosine, nous en dit plus sur cette nouvelle étude qui intervient 10 ans après Kannari 1, qui a permis de décrire, pour la première fois, l'imprégnation de la population générale guadeloupéenne et martiniquaise par la chlordécone.
Dix ans après, avec cette étude Kannari 2, on veut évaluer l'évolution de la proportion de la population qui est imprégnée à la chlordécone.
Un tirage au sort d'un panel de la population, un échantillon, a eu lieu en Martinique et en Guadeloupe, précise Jacques Rosine.
L'objectif étant de pouvoir avoir un échantillon représentatif à la fois en termes de tranches d'âge, de géolocalisation, de zone de résidence, mais également on a suréchantillonné un certain nombre de populations. Les femmes en âge de procréer ont été suréchantillonné, également les pêcheurs, les salariés et les travailleurs agricoles. Et pour la première fois, on a intégré donc les enfants de 6 à 17 ans, puisque à ce jour, en tout cas en population générale, on n'a pas d'informations sur le niveau d'imprégnation sur cette tranche de population.
3 000 personnes tirées au sort
Les 3 000 personnes tirées au sort, parmi lesquelles 700 enfants, ont reçu, courant janvier, un courrier dans leur boîte aux lettres, envoyé par Ipsos et Santé publique France.
Depuis la semaine dernière, des enquêteurs se rendent au domicile de ces personnes, les informent qu’elles ont été sélectionnées et recueillent leur adhésion à l’étude.
Dans un deuxième temps, ces personnes recevront la visite à leur domicile d’un infirmier ou d’une infirmière qui réalisera des prélèvements de sang et d’urine.
Pour Jacques Rosine, il est important qu’un maximum de personnes adhèrent à cette étude Kannari 2.
Plus on aura un effectif important, plus on aura de la robustesse dans les analyses que l'on va pouvoir faire. L'idée c'est vraiment qu'on ait le maximum de personnes adhérentes sur l'ensemble du territoire.
Un numéro Vert gratuit
Un numéro Vert, gratuit, est mis à la disposition des personnes sélectionnées qui souhaitent obtenir plus d’informations, le 0 800 945 901.
Jacques Rosine précise que toute l’étude est gratuite pour les personnes tirées au sort et que toutes les données sont évidemment confidentielles.
Mieux cibler les sources d’exposition
Grâce à Kannari 2, Santé publique France, qui travaille depuis plus de 20 ans sur la problématique du Chlordécone, espère mieux cibler les aliments qui sont les plus contributeurs à une imprégnation.
Plus on aura d’informations sur les sources d’exposition, explique Jacques Rosine, plus il sera facile de mettre en place des actions concrètes de prévention avec les Agences régionales de santé.
Des actions de prévention ont déjà été mises en place, ainsi que des dispositifs d’accompagnement. Avec Kannari 2, on pourra les affiner et les améliorer.
D’autres polluants recherchés
En plus de la chlordécone, d’autres polluants seront recherchés parmi ceux utilisés en Guadeloupe et en Martinique ces dernières années, comme l’explique le responsable de santé publique France pour la zone Antilles, Jacques Rosine.
On a bien évidemment le glyphosate, qui est un polluant bien connu, mais également des métaux lourds, des pesticides, des insecticides qui sont utilisés pour la lutte, par exemple, contre les moustiques. Donc il y a tout un panel d'autres polluants qui vont être recherchés, pour la première fois en population générale, au travers de l'étude Kannari 2.
Les premiers résultats espérés fin 2025
L’étude Kannari 2, lancée la semaine dernière, est prévue pour durer six mois sur le terrain. Le temps d’envoyer les différents prélèvements dans les laboratoires et de faire les analyse, Jacques Rosine espère que les premiers résultats seront connus fin 2025 et qu’un rapport définitif sera rédigé début 2026.
On aura une cartographie à la fois des niveaux d'imprégnation et aussi par zone géographique, par population plus ou moins cible. Et on aura aussi des précisions sur les principales pratiques et comportements qui sont source d'imprégnation à la chlordécone et à d'autres polluants.