Cyclone Chido : au moins 14 morts à Mayotte selon un bilan provisoire
Ce dimanche (15 décembre), Mayotte recense au moins 14 morts après le passage du cyclone Chido qui a dévasté l’archipel. Le ministre de l'Intérieur démissionnaire Bruno Retailleau a estimé qu’il « faudra sans doute des jours » pour « affiner » le bilan humain.
« Un décor apocalyptique ». Mayotte recense ce dimanche (15 décembre) les énormes dégâts semés la veille par le cyclone Chido, qui a fait au moins 14 morts dans le département le plus pauvre de France, où les secours s'organisent.
Selon un bilan très provisoire, ce cyclone tropical d'une intensité exceptionnelle a fait au moins 14 morts dans le petit archipel de l'océan Indien.
D'après le maire de Mamoudzou, Ambdilwahedou Soumaila, neuf personnes blessées en urgence absolue ont été prises en charge au Centre hospitalier de Mayotte (CHM) et 246 en urgence relative.
« L'hôpital est touché, les écoles sont touchées. Des maisons sont totalement dévastées. Le phénomène n'a rien épargné sur son passage », a-t-il décrit.
Le phénomène le plus intense depuis 90 ans
Avec des rafales à plus de 220 km/h, le cyclone Chido est le plus intense à frapper le territoire ultra-marin depuis plus de 90 ans, selon Météo France.
Des vents d'une extrême violence ont ravagé l'archipel avec des cases anéanties, des toits envolés, des poteaux électriques à terre, des arbres déracinés...
L'habitat précaire, qui concerne au moins un tiers de la population de l'archipel de 320 000 habitants est « complètement détruit », selon le ministre de l'Intérieur démissionnaire Bruno Retailleau.
Ibrahim, un habitant de Mayotte, a tenté de rejoindre l'Ouest de l'île principale ce dimanche matin en déblayant les axes dans un décor apocalyptique. « Même les plus grosses entreprises ont eu des dégâts », a-t-il rapporté.
« Une situation dramatique »
Bruno Retailleau a indiqué, samedi soir, à la sortie d'une réunion interministérielle de crise, qu'il faudrait sans doute des jours pour affiner le bilan humain. Mais « nous craignons qu'il soit lourd », a-t-il prévenu, parlant d'une « situation dramatique ».
Il est attendu sur place demain lundi en compagnie de son homologue des Outre-mer, François-Noël Buffet.
Les remontées d'informations sont pour l'heure très parcellaire avec une population confinée chez elle, en état de sidération, privée d'eau et d'électricité, et vivant en partie dans des bidonvilles.
Réunion de gestion de crise
Dans un contexte de communications très difficiles, le décompte du bilan humain exact est encore compliqué par la tradition musulmane d'une grande partie de la population mahoraise, qui devrait entrer ses morts dans la journée, conformément aux préceptes de l'Islam, a indiqué le ministère de l'Intérieur.
Dans ces conditions, le préfet, qui recense spécifiquement onze décès passés par l'hôpital ou des bâtiments publics, a fait appel à des associations pour compléter les remontées d'informations.
Pour coordonner l'action des secours, le préfet de La Réunion, en charge de la zone de défense et de sécurité du sud de l'océan Indien, a tenu ce dimanche matin, une réunion de gestion de crise.
Des renforts attendus
Dès le début de la semaine, 162 militaires de la sécurité civile et sapeurs-pompiers de l'Hexagone vont venir renforcer les 110 pré-positionnés dans l'archipel depuis vendredi.
Des rotations aériennes et maritimes sont opérationnelles dès ce dimanche pour acheminer des personnels médicaux et du matériel. « Le recensement des besoins des services de secours et des populations se poursuit afin d'organiser les rotations, aussi longtemps que nécessaire », indique la préfecture de zone de défense.
Selon François Gourand, prévisionniste à Météo-France, le cyclone Chido est « exceptionnel » car il a directement frappé l'archipel, tandis que sa puissance a été dopée par des eaux particulièrement chaudes dans l'océan Indien du fait du changement climatique.
Les habitants confinés
Le niveau d'alerte a été abaissé de violet à rouge dans la journée de samedi pour laisser les secours, mais le préfet a appelé quelque 320 000 habitants de Mayotte à rester « confinés » et « solidaires » dans « cette épreuve ».
Environ 100 000 personnes hébergées dans des « habitations non solides », notamment dans des caisses en tôle, avaient été identifiées dans l'archipel par les autorités pour être mises à l'abri dans plus de 70 centres d'hébergement d'urgence.
Poursuivant sa course, le cyclone tropical Chido a frappé le nord du Mozambique ce dimanche matin, après avoir s'intensifier pendant la nuit. Seuls des dégâts mineurs ont été recensés dans les îles des Comores voisines.
