Catastrophes naturelles : les Antilles françaises en alerte face aux coupes budgétaires américaines

Par 21/03/2025 - 07:14

L'inquiétude est de mise dans les services de l'État chargés de détecter les tsunamis et les cyclones aux Antilles françaises : ils sont dépendants du réseau d'alerte américain, menacé par les coupes budgétaires aux États-Unis.

    Catastrophes naturelles : les Antilles françaises en alerte face aux coupes budgétaires américaines
Photo d'illustration

La Martinique et la Guadeloupe participaient ce jeudi à l'exercice annuel Caribe Wave 2025, simulation grandeur nature d'un séisme suivi d'un tsunami sur la zone caraïbe. L'occasion pour ces territoires, les secours et la société civile, de tester leurs capacités de réaction et d'action.

Cette année, le contexte est particulièrement préoccupant. "Dans les Antilles françaises, nous dépendons du Pacific Tsunami Warning Center, qui se situe à Hawaï" et est une organisation américaine, explique à l'AFP Gaël Musquet, hacker "éthique" spécialiste de ces questions.

La France dispose bien d'un centre national d'alerte aux tsunamis, le Cenalt, mais celui-ci ne couvre que la surveillance de la Méditerranée occidentale et l'Atlantique nord-est.

Ces centres disposent d'une foule de capteurs, qui diffusent leurs alertes auprès d'organismes comme Météo-France ou l'état-major des Forces armées aux Antilles (FAA). Ceux-ci préviennent ensuite les préfectures qui prennent les décisions d'alerter les populations et d'ordonner les évacuations.

"Seuls l'Inde, la Nouvelle-Zélande, l'Australie, le Japon et les États-Unis disposent d'un système de détection de tsunamis de type DART", via un réseau de bouées de détection connu sous le nom de Deep-Ocean Assessment and Reporting of Tsunami, précise Gaël Musquet.

"Nous ne sommes pas à l'abri d'une rupture des capacités de détection des tsunamis", poursuit ce fervent défenseur d'un investissement national dans des systèmes d'alerte performants.

Face à des fragilités institutionnelles, certains acteurs locaux tentent de développer des solutions autonomes pour renforcer la résilience des territoires.

Coopération en berne

C'est le cas de Cédric Coco-Viloin, fondateur du premier makerspace (atelier de fabrication numérique ouvert au public) guadeloupéen, qui développe un réseau alternatif basse-fréquence "autonome et peu énergivore".

Nous voulons le relier à des capteurs pour transmettre aux utilisateurs des données comme les hauteurs de crues des rivières ou la force des vents, explique-t-il.

Ces réseaux alternatifs, sans prétendre remplacer les organismes étatiques, pourraient en accroître la résilience, notamment en cas d'arrêt de la coopération américaine, une menace qui commence à se faire jour.

Alors que la collaboration sur la surveillance de l'océan existait depuis des années, les scientifiques américains ne communiquent plus depuis mi-février avec l'Institut français de recherche sur l'océan (Ifremer), selon France Info.

Quant à l'agence américaine chargée des prévisions météorologiques, de l'analyse du climat et de la conservation marine (NOAA), qui chapeaute le Pacific Tsunami Warning Center, elle est devenue une cible privilégiée de l'administration américaine et des centaines de scientifiques et d'experts ont déjà été licenciés.

Selon Thierry Jimonet, chef de service à Météo-France en Guadeloupe, aucun signe de l'arrêt de la coopération en matière d'alertes météorologiques n'est encore apparu.

"Mais on sait que des chefs ont été licenciés, notamment dans les services qui envoyaient les avions de reconnaissance au cœur des ouragans", confie-t-il à l'AFP.


Tags

À lire également