Nouvelle-Calédonie: Macron rencontre les chefs de file indépendantistes et promet des « décisions » rapides

Par 23/05/2024 - 06:19 • Mis à jour le 23/05/2024 - 07:04

Après les représentants loyalistes, Emmanuel Macron rencontrait jeudi à la nuit tombée en Nouvelle-Calédonie les chefs de file des partis indépendantistes pour tenter d'amorcer un retour au "dialogue" entre les deux camps après plus d'une semaine d'émeutes et d'impasse politique. 

    Nouvelle-Calédonie: Macron rencontre les chefs de file indépendantistes et promet des « décisions » rapides

Toutes les composantes des partis indépendantistes de l'archipel sont présentes autour de la table, selon la liste de la délégation diffusée par l'Elysée.

Sont notamment autour de la table plusieurs dirigeants de l'Union calédonienne (UC) et des cadres du parti Palika. Assigné à résidence, Christian Tein, membre de l’UC et chef de file de la CCAT, collectif indépendantiste qui organise la contestation, est aussi présent.

Le chef de l'Etat a auparavant rencontré les non-indépendantistes, dont Sonia Backès, cheffe de file de la branche radicale des loyalistes, et Philippe Dunoyer, figure de Calédonie Ensemble. 

"Décisions" dans la journée

Emmanuel Macron ne s'est pas prononcé sur un éventuel report du Congrès qui doit réunir députés et sénateurs avant la fin juin sauf si un accord sur un texte global entre indépendantistes et loyalistes intervient d'ici là.

Cette réforme constitutionnelle, qui est à l'origine des troubles, vise à "dégeler", c'est-à-dire élargir le corps électoral en Nouvelle-Calédonie.

Mais l'objectif du chef de l'Etat est clair: un retour "le plus vite possible (...) à la paix, au calme, à la sécurité" et une reprise du "dialogue", a-t-il déclaré dès sa descente de l'avion à l'aéroport de Nouméa.

Il a promis des "décisions" et des "annonces" à "l'issue de cette journée", même s'il a assuré n'avoir "pas de limite" de temps sur place.

Alors que depuis le début des émeutes, six personnes ont été tuées, dont deux gendarmes mobiles, le chef de l'Etat a observé une minute de silence en préambule d'une première réunion avec des élus et acteurs économiques, poursuivie par un déjeuner informel et la visite d'un commissariat. 

Ce "mouvement d'insurrection absolument inédit", "personne ne l’avait vu venir avec ce niveau d’organisation et de violence", a-t-il lancé aux gendarmes et policiers présents.

Un peu plus tôt, il a assuré que les quelque 3.000 membres des forces de sécurité déployés "resteront aussi longtemps que nécessaire, même durant les Jeux olympiques et paralympiques" de Paris qui prennent fin début septembre.

Quant à l'état d'urgence en vigueur depuis une semaine, il "pense" qu'il "ne devrait pas être prolongé" au-delà des 12 jours légaux, à condition que "tous les dirigeants" de l'archipel "appellent à lever les barrages".

"Apaisement constructif"

Accompagné des trois hauts fonctionnaires qui auront pour mission de renouer le dialogue avec les indépendantistes et non indépendantistes, Emmanuel Macron a appelé à un "apaisement constructif" et à la recherche d'une "solution" politique. 

Mais sans revenir sur le résultat des trois référendums qui ont acté le maintien du territoire ultramarin dans la République, car "l'apaisement ne peut pas être le retour en arrière", a-t-il plaidé.

Sur le terrain, "la nuit a été calme", a indiqué le Haut-commissaire Louis Le Franc à l'AFP. 

"Il n'y a pas eu de dégâts supplémentaires mais il y a tellement de choses qui sont détruites", a-t-il encore fait valoir. 281 personnes ont été placées en garde à vue depuis le 12 mai, à une écrasante majorité pour des atteintes aux biens, selon une source judiciaire.

Le retour au calme reste précaire. Dans le quartier populaire de Montravel, majoritairement peuplé par les communautés kanak et océanienne, des groupes de jeunes circulaient le visage masqué, avec en main des lance-pierres faits de bric et de broc, a constaté un journaliste de l'AFP.

Et, sur la route qui relie Dumbéa, au nord de la capitale, de nombreux barrages filtrants et des carcasses de voitures incendiées continuent de hacher la circulation.

"Darmanin assassin"

Dans le Grand Nouméa, ces barrages se sont même renforcés dans la nuit. 

Les indépendantistes y ont hissé leurs drapeaux et tendu des banderoles: "Non au dégel", "Darmanin assassin".

"Le texte (de réforme du corps électoral, NDLR) pour nous, il n'existe plus puisqu'il y a des morts, ce n'est même plus un sujet de discussion", explique à l'AFP Lélé, une mère de famille indépendantiste de 41 ans.

"Les premiers mots d’Emmanuel Macron n’augurent rien de très bon (…) Franchement, ça m’inquiète", commente de son côté sur BFMTV François Karé, du mouvement des jeunes kanak.

Un retour à la vie normale s'est amorcé dans le centre de Nouméa, quadrillé par une forte présence policière, mais où de nombreux magasins ont rouvert leurs portes.

Pour ajouter à l'instabilité, l'archipel a aussi été visé par une cyberattaque "d'une force inédite" visant à "saturer le réseau calédonien", mais qui a été stoppée, a annoncé Christopher Gygès, membre du gouvernement collégial calédonien.

Une grande partie de la classe politique appelle le chef de l'Etat à reporter en urgence le Congrès.

"Je ne vois pas le président de la République pouvoir (le) convoquer (...) sans le préalable d'un accord général", a relevé sur RTL le président du Sénat Gérard Larcher.


Tags

À lire également