Motion de censure contre le gouvernement Bayrou : un vote sans suspense  

Par 05/02/2025 - 05:00

Malgré l’opposition de La France Insoumise et de ses alliés, la motion de censure déposée après l’usage du 49.3 sur le budget ne devrait pas renverser le gouvernement. Ni le Rassemblement National ni les Socialistes ne la soutiendront.  

    Motion de censure contre le gouvernement Bayrou : un vote sans suspense  
Assemblée nationale - Archive RCI

Ce mercredi (5 février), l’Assemblée nationale sera le théâtre d’un nouveau vote de censure contre le gouvernement de François Bayrou. Déposée par La France Insoumise (LFI) en réponse à l’utilisation du 49.3 pour faire adopter le budget, cette motion a toutefois peu de chances d’aboutir.  

Contrairement à celle qui avait fait chuter Michel Barnier en décembre, cette censure ne bénéficiera pas du soutien du Rassemblement National (RN) ni des Socialistes. Dès mardi, le RN a mis fin au suspense en annonçant qu’il ne voterait pas la motion, permettant ainsi au Premier ministre François Bayrou de poursuivre son mandat.  

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Un choix assumé par le RN et les Socialistes

Jordan Bardella, président du Rassemblement National, justifie cette décision par la nécessité d’éviter une nouvelle période d’instabilité politique :  

Il faut éviter l'incertitude parce que beaucoup de nos compatriotes (...) sont extrêmement inquiets d'une instabilité qui pourrait s'installer dans la durée, avec des conséquences plus lourdes pour l'économie que lors de la censure du gouvernement de Michel Barnier en décembre.

De leur côté, les Socialistes ont longuement hésité avant de trancher. Olivier Faure, premier secrétaire du PS, explique ce choix par un impératif de responsabilité :  

Nous avons été sollicités par une multitude d'acteurs – collectivités locales, associations, entreprises – qui dépendent de la commande publique et ne peuvent attendre davantage. Nous avons choisi, non pas de soutenir le gouvernement, mais de ne pas pratiquer la politique du pire.

Un dilemme pour les députés ultramarins 

Au sein du groupe socialiste, certains élus, notamment ceux des Antilles, ont exprimé leur malaise face à cette décision. Béatrice Bellay reconnaît un choix difficile :  

Évidemment, c'est dérangeant. On n'aime pas ce gouvernement, on n'aime pas ce qu'il fait, on n'aime pas ce qu'il porte. Mais nous pensons aussi à nos territoires, à nos collectivités, à nos chefs d’entreprises qui attendent un budget pour stabiliser leurs actions, les relancer et créer de l’emploi. C'est un choix de responsabilité. 

Emmanuel Macron, en déplacement au centre de lutte contre le cancer Gustave Roussy, s’est félicité de l’issue probable du vote :  

Il y a un débat budgétaire, le gouvernement et le Parlement sont en train d’arriver à son terme. Je m’en félicite parce que le pays a besoin de stabilité.

"L’esprit de responsabilité" 

Dans la majorité, plusieurs députés et ministres saluent "l’esprit de responsabilité" des Socialistes.  

Mais cette trêve pourrait être de courte durée. Dès la semaine prochaine, le PS compte déposer une motion de censure "spontanée" en réaction aux propos de François Bayrou sur le "sentiment de submersion" migratoire.  

Un calcul politique assumé, selon Olivier Faure :  

Nous ne voulons pas faire tomber le gouvernement pour éviter d’avoir un Premier ministre plus à droite négociant sa survie avec l’extrême droite ou une démission du chef de l’État. 

Cependant, le RN a déjà prouvé qu’il pouvait voter une motion de censure issue de la gauche si le contexte s’y prêtait. Jordan Bardella, sans préciser sa position sur cette prochaine motion, a laissé planer le doute :  

Le gouvernement peut tomber demain, après-demain, dans une semaine, sur un autre sujet que le budget.

Si François Bayrou sortira indemne de ce vote, la stabilité de son gouvernement reste fragile, dans un climat politique toujours imprévisible.

 


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