À Mayotte, Darmanin parle de camps de redressement encadrés par des militaires
Arrivé dimanche dernier (21 août) pour une visite de trois jours, le ministre de l’Intérieur et des Outre-mer multiplie les déclarations fracassantes ...
Accompagné de Jean-François Carenco, son ministre délégué, Gérald Darmanin consacre son second déplacement ultramarin à la lutte contre l’immigration clandestine sur un territoire en proie à une pauvreté et à une insécurité qui semblent difficilement maîtrisables. Et à peine 24 heures après leur arrivée sur place, les deux membres du Gouvernement ont accumulé des déclarations d’intention, suscitant les réactions outrées des associations de défense des Droits de l’Homme.
Dans ce 101ème département français qui a vu sa population quadrupler au cours des 30 dernières années, en partie en raison de l'immigration clandestine en provenance des Comores, la violence entre bandes et l'insécurité alimentaire ne cesse de progresser. Alors, pour tenter d'enrayer le phénomène, Gérald Darmanin propose de durcir l'attribution de la nationalité française :
Pour qu'un nouveau-né bénéficie du droit du sol, il souhaite ainsi qu'au moins un de ses parents ait résidé régulièrement sur l'île depuis au moins un an, contre trois mois actuellement. Pour lutter contre les reconnaissances frauduleuses de paternité, le ministre de l'Intérieur souhaite que les pères prouvent qu'ils entretiennent l'enfant pendant trois ans, et non plus seulement deux.
Autre proposition, ouvrir des lieux de rééducation et de redressement encadrés par des militaires pour les mineurs délinquants. Pour la Ligue des droits de l'Homme, il s'agit d'un pas de plus vers le statut discriminatoire du département le plus pauvre de France. "Une fuite en avant sélective et répressive" qui ne résoudra rien.
L'antenne locale de la Cimade* prévoit des conséquences dramatiques pour des milliers d'enfants et de jeunes adultes nés et ayant grandi à Mayotte, déjà privés de l'accès à la nationalité depuis la dernière loi "asile et immigration", et condamnés aujourd'hui à l'errance administrative.
Le ministre, lui, poursuit sa visite. Il devrait annoncer un renforcement des moyens de lutte contre l'immigration clandestine avant son départ, ce soir, 23 août.
*La Cimade est une association de solidarité active et de soutien politique aux migrants, aux réfugiés et aux déplacés, aux demandeurs d'asile et aux étrangers en situation irrégulière.