Manuel Valls quitte la Nouvelle-Calédonie sans trouver un nouvel accord
Après une semaine de discussions sur l’archipel, le ministre des Outre-mer repart ce mardi 26 août, sans avoir obtenu l’adhésion du FLNKS à l’accord de Bougival. L’avenir institutionnel du territoire reste suspendu à de nouvelles négociations, sur fond de tensions politiques et sociales.
Malgré une réunion de plus de trois heures, le FLNKS a maintenu sa ligne.
Le mouvement indépendantiste a fait savoir mardi matin qu’il avait “réitéré son rejet catégorique du projet d'accord”, selon un communiqué publié à l’issue de la rencontre. Manuel Valls, de son côté, affirme que sa “porte est ouverte”.
Pour parvenir à ce second rendez-vous, le ministre a prolongé à deux reprises un déplacement qui devait initialement s'achever samedi. Avant de quitter le territoire français du Pacifique, il a annoncé que "de nouveaux échanges" devaient avoir lieu "dans les prochains jours" à Paris. Il assure qu'"un espace de discussion existe" et qu'il "faut le saisir".
La société calédonienne attend un accord mais la société calédonienne, ce n'est pas que le FLNKS. Donc je les invite aussi à reprendre contact avec les autres groupes politiques
Des positions irréconciliables ?
Le FLNKS, réuni en congrès extraordinaire le 9 août, souhaite désormais négocier uniquement avec l’État, en “réunion bilatérale” et sur “l'accession à la pleine souveraineté avant la présidentielle de 2027”.
Des demandes jugées impossibles par le ministre, alors que d’autres composantes indépendantistes, comme l’UPM et le Palika, soutiennent toujours le compromis de Bougival.
Le texte prévoit la création d’un État de Nouvelle-Calédonie doté d’une nationalité propre, tout en restant inscrit dans la Constitution française. Mais pour le FLNKS, il est “incompatible avec les fondamentaux de la lutte indépendantiste”, notamment l’exercice du droit à l’autodétermination. Le mouvement a martelé la semaine dernière : “Affirmer que sans Bougival le pays plongerait dans le néant est une contre-vérité.”
Optimisme prudent
Malgré le blocage, Manuel Valls a défendu le bilan de son déplacement :
Je repars avec le sentiment que l'accord de Bougival est conforté et que nous avons beaucoup avancé.
Mais l’absence du FLNKS continue d’interroger. Le président de l’Éveil océanien, Milakulo Tukumuli, a mis en garde
Peut-on conclure un accord de décolonisation sans le FLNKS ? Je ne crois pas.
La tension est autant politique que sécuritaire. En mai 2024, le projet de réforme du corps électoral défendu par le gouvernement malgré l'opposition des indépendantistes avait provoqué des émeutes, qui ont fait 14 morts et causé plus de deux milliards d'euros de dégâts.
"L'État cette fois ne se laissera pas surprendre", a assuré Manuel Valls.
Un autre obstacle guette désormais le calendrier, déjà serré: le projet de loi constitutionnelle traduisant l'accord doit être présenté en Conseil des ministres le 17 septembre, avant une réunion du Congrès à Versailles pour son adoption en décembre.
Ce ne sera possible que si le gouvernement n'est pas renversé le 8 septembre, lors du vote de confiance sollicité à l'Assemblée nationale par le Premier ministre François Bayrou.








