La Cité des Outre-mer, un projet «reculé»
Sans aucun crédit sur le budget 2018, les travaux ne semblent pas prêts de commencer.
En mars 2017, quelques mois avant son départ de l'Elysée, François Hollande lançait en grande pompe la Cité des Outre-mer. Ce serpent de mer, évoqué depuis une vingtaine d'années, avait enfin son lieu à Paris, dans l'enceinte du Parc de la Villette : le "Cinaxe", une ancienne salle de cinéma.
Si l'opposition dénonçait alors une "opération électoraliste", le gouvernement assurait que le projet verrait le jour et se félicitait d'un espace de 1600m2 dédié à toute la diversité des territoires. Sur le papier, la Cité des Outre-mer est ambitieuse : spectacles et expositions, festivals, conférences, restaurant, médiathèque, salle de réunion... Mais aujourd'hui, il semble bien que ce projet ne se concrétisera pas comme prévu, le calendrier de travaux en 2018 pour une ouverture en 2019 étant compromis.
Et pour cause : si l'an dernier, 10 millions d'euros avaient été annoncés pour le développement du projet, plus aucune ligne ne figure dans le budget de la mission Outre-mer pour 2018. "On ne voit plus trace de rien donc on s'inquiète, on se demande ce qui a pu se passer", s'interroge George Pau-Langevin, ancienne ministre des Outre-mer et actuelle députée de Paris. "On était parvenus à un accord avec le ministère de la Culture pour le lieu, on avait signé des conventions notamment avec la ville de Paris, on avait programmé et budgété les travaux !". Mais aujourd'hui, sur place, il faut bien constater que seule la grande fresque graffiti "Cité des Outre-mer" de Cyril Kongo sur la façade rappelle ce que doit devenir le vieux bâtiment, complètement à l'abandon.
"Il faut que ce projet soit davantage collectif"
Au ministère, rue Oudinot, on ne s'en cache pas : on ne compte pas assumer seul le coût de l'opération. "La Cité des Outre-mer est un très beau projet qui doit être porté par tous et actuellement, c'est un exemple, le ministère de la Culture n'est pas à nos côtés", justifie Annick Girardin. "Le projet sera reculé dans sa réhabilitation pour qu'en en fasse un projet collectif avec le ministère de la Culture, la Région Ile de France, la Mairie de Paris, les régions d'Outre-mer", précise la ministre, déclarant compter aussi sur les fameuses Assises qui se déroulent en ce moment pour peut-être remettre le projet sur la table.