L’Assemblée nationale vote largement la « suspension » de la réforme impopulaire des retraites

Par 12/11/2025 - 13:11 • Mis à jour le 12/11/2025 - 19:20

L’Assemblée nationale a voté, ce mercredi (10 novembre), la suspension de la réforme des retraites de 2023. Soutenue par une large partie de l’opposition, cette mesure reporte jusqu’en 2028 le relèvement de l’âge légal à 64 ans.

    L’Assemblée nationale vote largement la « suspension » de la réforme impopulaire des retraites
Photo d'archives

L'Assemblée nationale a largement approuvé, ce mercredi (10 novembre), la « suspension » de la réforme impopulaire des retraites de 2023, emblématique du deuxième mandat du président Emmanuel Macron.

La mesure a été approuvée par 255 voix contre 146 avec le soutien majoritaire des socialistes, des écologistes, du Rassemblement national (extrême droite), et l'abstention des députés Renaissance (parti présidentiel).

La France insoumise (gauche radicale) et les communistes ont voté contre, dénonçant un simple « décalage » de l'application de la réforme.

Point de fixation des oppositions

Cette réforme, qui porte progressivement de 62 à 64 ans l'âge légal de départ, avait suscité une vaste mobilisation dans la rue, avant d'être adoptée aux forceps et de devenir un point de fixation pour les oppositions.

Le texte suspend jusqu'à janvier 2028 la marche en avant vers les 64 ans, tout comme le relèvement du nombre de trimestres à cotiser.

170 trimestres cotisés au lieu de 171

Concrètement, la génération née en 1964 partirait à 62 ans et 9 mois (comme la précédente) au lieu des 63 ans prévus par la réforme. Ces assurés partiraient avec 170 trimestres cotisés au lieu de 171.

Evaluée à 100 millions d'euros en 2026 et 1,4 milliard en 2027 par le gouvernement, la suspension coûterait avec l'élargissement à d'autres catégories de la population 300 millions en 2026 et 1,9 milliard en 2027.

La France a actuellement le déficit public le plus élevé de la zone euro, la dette publique la plus importante en masse à près de 3 500 milliards d'euros, et la troisième de la zone en pourcentage du PIB (derrière la Grèce et l'Italie).

« Capitulation »

Le président des Républicains, Bruno Retailleau, a qualifié de « capitulation » la « suspension » de la réforme des retraites votée à l'Assemblée nationale, accusant le gouvernement de « lâcheté »et d'avoir cédé au « diktat » du Parti socialiste.

« Je suis effaré par la lâcheté du gouvernement, qui vient de sacrifier l'avenir de nos jeunes générations sur l'autel de sa survie politique. Cette décision irresponsable, prise sous le diktat du PS avec la complicité du RN, va coûter des milliards à la France », a écrit sur X le patron de LR et ancien ministre, qui s'apprête à retrouver formellement son siège de sénateur jeudi.

 

« Une victoire d’étape »

Le patron du Parti socialiste Olivier Faure a salué « une victoire importante », après le vote par l'Assemblée de la suspension de la réforme des retraites de 2023, assurant que la question des retraites serait « un des débats majeurs de l'élection présidentielle de 2027 ».

Se disant « très fier »de ce vote, Olivier Faure a souligné « une victoire d'étape », avant une potentielle abrogation de la réforme, si la gauche arrive au pouvoir.

« Désormais, le totem, qui était un totem absolu pour la macronie, a été ébranlé », et « ce débat-là ne disparaîtra plus de nos écrans. Il sera un des débats majeurs de l'élection présidentielle de 2027 », a-t-il insisté, tout en regrettant « que les Insoumis, qui auraient dû se réjouir du fait que des centaines de milliers de femmes et d'hommes pourront partir plus tôt, aient fait le choix de voter contre ».


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