Fresnes : polémique autour d'un rapport stigmatisant les personnels pénitentiaires ultramarins

Par 21/06/2023 - 15:48 • Mis à jour le 21/06/2023 - 16:34

Deux députés réunionnais se sont rendus à la prison de Fresnes pour demander des comptes au directeur après la publication d'un rapport qu'ils estiment discriminant.

    Fresnes : polémique autour d'un rapport stigmatisant les personnels pénitentiaires ultramarins

Une visite parlementaire surprise a eu lieu ce matin au centre pénitentiaire de Fresnes en région parisienne, et une visite qui a été mouvementée.

Alertés par le syndicat Force Ouvrière, deux élus réunionnais, Perceval Gaillard et Jean-Hughes Ratenon se sont invités sur place pour faire la lumière sur une enquête interne menée en mai 2022, dont un paragraphe fait polémique concernant les agents ultramarins. Dans ce rapport réalisé à la suite du décès d'un détenu, des propos attribués au chef d'établissement font état d'une corruption présumée plus forte des jeunes fonctionnaires originaires de nos territoires, mentionnant notamment une acculturation de ces derniers.

Une discrimination établie pour le syndicat et les parlementaires qui souhaitaient obtenir des réponses avant de saisir les ministères concernés.

 

"C'est un rapport qui stigmatise la communauté ultramarine puisqu'il dit qu'il y a un problème de communautarisme et un problème de corruption alors qu'il n'y a rien qui le prouve", estime Perceval Gaillard.

Un document qui a choqué les agents comme le représentant local FO, le Martiniquais Thierry Unn Toc : "après avoir passé tant d'années en métropole, on se dit que les gens ne peuvent pas penser ça de nous. Pour moi c'est inadmissible. Les personnes sont touchées dans leur chaire".

Version erronée ?

Accueillis par le syndicat, en usant de leur droit parlementaire à visiter les lieux de privation de liberté, les députés ont toutefois eu des difficultés à rencontrer le directeur déjà occupés par le colloque célébrant les 125 ans de l'établissement aujourd'hui.

Un directeur clairement ciblé par le syndicat. "Il a blessé toute une communauté. C'est pourquoi nous n'attendons pas des excuses mais des sanctions", s'indigne le Guadeloupéen Didier Kandassamy, représentant national Outremer de FO.

Ce n'est qu'au bout de deux heures de visite du site que le chef d'établissement s'est finalement libéré pour échanger avec les députés, à qui il a affirmé que ses propos ont été déformés. "Le directeur nous dit que ce qui est écrit dans le rapport n'est pas exact. À aucun moment, il ne fait de lien entre l'origine et la corruption. Ce qu'on a décidé, c'est de demander à avoir accès au rapport",a raconté Perceval Gaillard.

Des députés qui promettent de ne pas s'arrêter là. "Il y aura un coupable dans cette affaire et nous allons passer par tous les moyens", prévient Jean-Hughes Ratenon.

Une position que partagent les syndicats d'autant que l'enjeu est important. En Île de France, plus de 6 agents pénitentiaires sur 10 sont originaires des Outre-Mer.


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