Face à la menace de suppression des Ceser, les députés antillais réagissent
La possible suppression des Ceser (conseils économiques, sociaux et environnementaux régionaux), Béatrice Bellay et Christian Baptiste, députés de la Martinique et de la Guadeloupe, y sont fermement opposés. Ce dernier regrette une mise en danger de la démocratie.

Une loi polémique débute son examen à l'Assemblée nationale ce mardi (8 avril), celle concernant la simplification de la vie économique.
Déjà passé au Sénat, ce texte est devenu au gré des amendements un projet fourre-tout qui ambitionne notamment de supprimer diverses instances comme les Conseils économiques, sociaux et environnementaux régionaux, et Culturels, les Ceser et CCEE, ou le Cesecem en Martinique.
Des élus de droite et d'extrême-droite espèrent même faire supprimer l'Agence de l'énergie, l'Ademe, ou l'Office français de la biodiversité durant cet examen parlementaire.
À l'inverse, les parlementaires de gauche, notamment socialistes, avec l'appui du gouvernement, ont déposé des amendements pour sauver ces instances.
Une « trumpisation » de la politique française
La députée de la Martinique, Béatrice Bellay, voit dans cet examen une « trumpisation » de la politique française :
Cette commission spéciale qui supprime à la Trump ou à la Musk des commissions sans en faire ni le bilan, ni l'analyse en matière d'utilité publique, c'est grave. On est dans la commission de la hache. Ça coûte un peu d'argent, on supprime, on n'évalue pas, on ne donne pas aux uns et aux autres la possibilité d'ailleurs de voir les critiques qui auraient pu être posées. On se contente de supprimer. Pour ce qui est de la Martinique, je rappelle que le Cesecem est une troisième instance qui est inscrite dans les statuts de la Collectivité territoriale de Martinique. Tant pis, parfois, si les élus ne prennent pas connaissance des travaux qui y sont faits, majeurs, critiques, qui permettent d'ailleurs l'évaluation des politiques publiques, qui permettent d'envisager de nouvelles politiques publiques. Moi, je les regarde, ils m'intéressent et je crois que nous avons tout intérêt à maintenir cette instance paritaire et elle est le fruit aussi de désignations de corps intermédiaire. On a bien compris que la droite n'aimait pas trop les corps intermédiaires, mais nous, nous aimons le débat et nous aimons aussi que ce débat soit mené, même avec des personnes qui ne sont pas obligatoirement d'accord, ni entre elles, ni avec nous.
« On s'attaque à la démocratie »
Le député de la Guadeloupe, Christian Baptiste, regrette cette mise en danger de la démocratie :
On s'attaque à la démocratie sous prétexte de faire des économies. Je pense que c'est un peu simpliste. Ce sont les acteurs économiques, ce sont les syndicats, les acteurs associatifs, les acteurs environnementaux qui n'auront pas la possibilité de continuer à faire le travail important qu'ils font. Moi, j'ai été pendant très longtemps conseiller régional, donc j'ai vu le travail du Ceser. Pour moi, c'est une façon, encore une fois, de bafouer et de piétiner la démocratie. Je pense qu'il y a des économies sûrement à faire au niveau de l'État, mais on ne peut pas le faire au détriment de la démocratie. Il faut aller voir ailleurs. C'est un peu démagogique parce que finalement, on va se retrouver dans une démarche où il n'y aura pas de contrepouvoir. Nous allons avoir des décisions qui seront de plus en plus bureaucratiques. C'est un véritable mépris pour ces acteurs qui viennent apporter leurs contributions, qui viennent nourrir la démocratie.