Contamination au mercure en Guyane : le député Davy Rimane prépare une proposition de loi

Par 16/09/2025 - 13:54

L’élu guyanais prépare une proposition de loi. Le texte devrait être déposé d’ici le mois prochain, à l'Assemblée nationale, afin de lutter pour l’éradication de l’orpaillage illégal et prendre en charge les populations contaminées par le mercure.

    Contamination au mercure en Guyane : le député Davy Rimane prépare une proposition de loi
@Radio Télé Péyi Guyane

C’est une situation qui dure depuis plusieurs décennies : la contamination au mercure des populations, victimes indirectes de l’exploitation aurifère illégale.

« 40 ans après la découverte de cette contamination nous sommes encore au même point », avait déclaré le député guyanais Davy Rimane à l’Assemblée nationale, au mois de mars.

Le député prépare en ce moment une proposition de loi sur le sujet.

Le texte devrait être déposé, au plus tard, le mois prochain.

« Répondre à un besoin urgent »

Davy Rimane était ce week-end sur le Maroni, notamment à Taluen, pour aller rencontrer la population. Il dresse un état des lieux des conséquences dramatiques de cette contamination.

Ils estiment qu'il y a une impunité totale des orpailleurs illégaux, qui font ce qu'ils veulent comme ils veulent. Il y a des dégâts incommensurables au niveau de l'eau. Ils peuvent même plus se laver dans le fleuve. Leur quotidien est complètement bouleversé, au niveau de la pêche, de la chasse. Ils n'ont pas d'autre choix que de prendre l'eau du fleuve pour faire le cachiri. On a eu des retours aussi sur Kayodé. Ils expliquaient que la viande qu'ils mangent aujourd'hui, le poisson, la chair, le goût a changé. Il y a de moins en moins de gibier. Si ça continue comme ça, ça leur mort annoncée. Tout le monde le sait. Et je trouve que la prise en compte de cette réalité au niveau de la classe politique guyanaise est très en deçà du niveau attendu. C’est insupportable. S’il y avait eu cette même réalité sur le littoral, sur une agglomération, est-ce que ce qu’on serait la même situation pratiquement 40 ans après ? Je ne crois pas. Le texte de loi aborde pas mal de sujets qui permettront, je l'espère, de répondre à un besoin qui est aujourd'hui urgent.

« Eradication de l’orpaillage illégal »

Via ce texte, Davy Rimane vise une « éradication complète » du phénomène d’orpaillage illégal.

En s'attaquant aux besoins d'une population qui est empoisonnée, la loi mercure permet aussi de s'attaquer à l'orpaillage illégal. Dans ce texte-là, il y a une partie, effectivement, dépistage, prise en charge, accompagnement à tous les niveaux, suivi de toutes ces populations, qu'elles soient présentes ou qu'elles aient pu bouger entretemps. Ensuite, il y a la partie sur les moyens pour lutter pour l'éradication de l’orpaillage illégal, en s'appuyant sur les populations locales parce qu'elles connaissent et elles maîtrisent le territoire comme leurs proches. Elles savent exactement où ils sont. Donc, il faut sécuriser les zones habitées parce que ce n'est plus possible. Ensuite, dépollution, indemnisations, réparations pour les populations concernées. Au travers de ce texte de loi, on y va large en rentrant par le mercure parce qu'effectivement, in fine, ce sont bien ces populations-là qui sont empoisonnées depuis des décennies et qui ont des dégâts au niveau de leur santé, pour certains irréparables.

« Ils se sentent abandonnés »

Nous l’avons contacté juste avant son départ. Voici ce que les habitants du fleuve lui ont rapporté. L’Etat et la classe politique guyanaise doivent être mis face à leur responsabilité, selon Davy Rimane. 

Il y a une forme de lassitude parce qu’ils nous ont dit Monsieur le député, nous, on sait le travail que vous faites, mais nous, ça fait des décennies qu'on nous répète la même chose. Un habitant qui a pris la parole a dit depuis que je suis tout petit, on me répète la même chose. J'ai 48 ans aujourd'hui. Pour moi, ce n'est pas acceptable. Je n'ai pas de mots pour décrire vraiment la situation. Ils se sentent complètement abandonnés. Il y en a même un qui a pris la parole qui a dit la République, liberté, égalité, fraternité, ça n'existe pas ici. Il n'y a pas la République française chez nous. Mais moi, je ne baisse pas les bras, je vais au front. Je vais me rapprocher aussi du gouvernement dans la mesure où le Premier ministre actuel était ministre des Outre-mer. Il connaît très bien le sujet. Soit la nation sait faire les choses comme il se doit pour répondre à un scandale sanitaire pour une population sur un territoire français, ou soit ne saura pas répondre et nous, on en tirera les conséquences. Je vais mettre l'État devant ses responsabilités et je mets aussi les élus locaux de Guyane devant leurs responsabilités par rapport à une situation que je qualifie d'inadmissible.


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