Cancer du sein : la France va rembourser les prothèses et tatouages médicaux
Les patientes atteintes d’un cancer du sein bénéficieront bientôt d’une meilleure prise en charge. Une loi votée à l’unanimité à l’Assemblée nationale, ce mardi 28 janvier, prévoit notamment le remboursement intégral du renouvellement des prothèses mammaires et du tatouage médical de l’aréole et du mamelon.
Le cancer du sein, le plus fréquent et le plus meurtrier chez les femmes, entraîne souvent des dépenses importantes, que certaines patientes ne peuvent assumer.
Selon le député communiste Yannick Monnet, rapporteur du texte, le reste à charge moyen pour ces soins s’élève “à 1 400 euros”, une somme qui pousse les femmes les plus précaires à renoncer à certaines options pourtant essentielles à leur reconstruction physique et psychologique.
Les patientes les plus précaires renoncent aux soins ou produits non pris en charge ou insuffisamment remboursés qui s’avèrent trop onéreux.
La loi, adoptée mardi soir dans les mêmes termes que le texte voté au Sénat, va désormais pouvoir entrer en vigueur.
Une prise en charge élargie
En plus du remboursement intégral des prothèses mammaires et du tatouage médical, la loi prévoit un forfait spécifique dont le montant sera fixé par décret. Ce forfait permettra l’achat de produits prescrits mais non encore remboursés, comme les crèmes contre la sécheresse cutanée ou les vernis prévenant la chute des ongles due aux traitements.
Un financement dédié aux soins de support a également été validé. Il couvrira des consultations de psychologues, des séances de nutrition et des activités physiques adaptées, essentielles pour les patientes en cours de traitement.
Enfin, la loi prévoit un encadrement des dépassements d’honoraires des médecins réalisant les reconstructions mammaires, un poste de dépense particulièrement lourd pour de nombreuses femmes.
« C’est une avancée majeure », a souligné Yannick Monnet, rappelant que 15 % des patientes françaises renoncent à la chirurgie réparatrice pour des raisons financières.
Une émotion particulière à l’Assemblée nationale
Les débats à l’Assemblée ont été marqués par des témoignages poignants. La députée Marine Hamelet (RN) a révélé avoir été diagnostiquée d’un cancer début 2024 et avoir subi une ablation du sein.
C’est une maladie qui nous atteint viscéralement tant elle nous attaque dans notre féminité. Dans mon malheur, j’étais consciente d’être privilégiée : l’indemnité parlementaire dont je bénéficie m’a permis de faire face aux différents restes à charge qui écrasent la majorité des femmes atteintes de ce cancer.
Un autre témoignage marquant est venu de Yaël Braun-Pivet, présidente de l’Assemblée nationale, qui a révélé le 10 janvier dernier avoir été diagnostiquée d’un cancer du sein il y a trois ans. Elle suit aujourd’hui une hormonothérapie et a appelé les femmes à se faire dépister régulièrement.
Avec cette loi, le gouvernement espère améliorer la qualité de vie des patientes et garantir un accès équitable aux soins de reconstruction après un cancer du sein.
« On peut parler de victoire »
Aux Antilles notamment, l'annonce est vécue comme un combat gagné.
Nathalie Chillan, présidente de l’association Ma Tété Martinique accueille cette nouvelle avec joie.
Nous pouvons même parler de victoire. Beaucoup d'associations au niveau hexagonal ont lutté et n'ont rien lâché pour que ça soit enfin entériné de manière définitive. On y est. Il faut savoir qu'il y avait des produits qui étaient prescrits, mais qui n'étaient pas totalement remboursés, pour des soutien-gorges adaptés, pas totalement pris en charge par exemple. Là, on va parler de soins support, le soutien psychologique totalement pris en charge. Les activités physiques adaptées essentielles dans le parcours de soins aussi totalement prises en charge. Donc oui, nous sommes très heureux d'avoir une réelle avancée sur ce point quand on sait qu'en Martinique, nous avons des femmes qui sont en situation de précarité. Tout ce qui n'était pas suffisamment remboursé, elles n'y accédaient pas parce qu'elles donnaient la priorité à autre chose. C'est une bonne décision et une bonne nouvelle pour toutes les femmes qui sont en parcours de soins au niveau de la Martinique. Donc oui, trois fois oui, nous ne pouvons que nous en réjouir.








