Après la déclaration de politique générale de Lecornu, les députés antillais partagés

Par 15/10/2025 - 13:26

Au lendemain de la déclaration de politique générale de Sébastien Lecornu à l’Assemblée générale, la menace de la censure de son gouvernement semble s’éloigner. Les députés de nos territoires expriment des positions contrastées.

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Sébastien Lecornu a-t-il réussi à éviter la censure de son gouvernement ? La menace semble s'éloigner en tout cas à l'Assemblée nationale.

Dans sa déclaration de politique générale, ce mardi (14 octobre), à l’Assemblée nationale, le Premier ministre s'est engagé à ne pas utiliser le 49-3 et il a surtout annoncé la suspension de la réforme des retraites jusqu'à la présidentielle.

C'est ce que demandaient les socialistes.

Sébastien Lecornu a aussi brièvement évoqué les sujets de la Nouvelle-Calédonie, du projet de loi vie chère et de l'évolution institutionnelle.

Du côté de nos élus, les avis sont partagés après ce discours de politique générale.

« Un certain nombre de concessions »

Max Mathiasin, député de Guadeloupe, ne devrait pas censurer le gouvernement

J'ai écouté très attentivement ce discours de politique générale. C'est celui que j'attendais, pas le discours en lui-même, mais l'énoncé. Le ministre n'a pas annoncé une politique économique, mais un certain nombre de mesures qui sont de nature, notamment le report de la réforme des retraites pour un réexamen dans l'hémicycle, qui sont de nature a apaisé les uns et les autres. Le ministre a fait un certain nombre de concessions. On sent qu'il a beaucoup discuté dans le week-end. Et aujourd'hui, ce que j'entends, c'est qu'on n'ira pas vers une motion de censure.

Max Mathiasin a réagi également à la nomination de Naïma Moutchou en remplacement de Manuel Valls au ministère des outre-mer.

Nous sommes à sept ministres des Outre-mer depuis 2022. Nous avons commencé un travail en tant qu'ultramarin pour les Outre-mer depuis longtemps. Je ne dis pas qu’il fallait absolument maintenir Emmanuel Valls, mais le ministre actuel ne connaît pas la situation des Outre-mer. Et ce travail, il va falloir le recommencer, de connaissance, de discussion. Et ça, ça nous inquiète beaucoup parce qu'on a l'impression qu'à chaque fois, nous, Ultramarins, les variables d'ajustement.

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« Des précisions concrètes »

Marcellin Nadeau, député GDR (Gauche démocrate et républicaine) de Martinique, est loin d'être satisfait et il votera la censure jeudi. Il a expliqué ses attentes.

Ce que nous voudrions, c'est que lorsqu'on parle des Outre-mer, on sorte du caractère impensé des Outre-mer et qu'on ait des précisions concrètes. Par exemple, très précisément, pourquoi le Premier ministre, compte tenu de la situation de nos territoires, ne sanctuarise pas, par exemple, le budget des Outre-mer et ne s'engage pas à ne pas toucher à un seul centime de ce budget ? Cela, je ne l'ai pas entendu. Bien évidemment, nous verrons bien. Nous savons bien que sur les questions d'évolution institutionnelle, c'est avant tout le rapport de force qui comptera. Et ça, nous y travaillons. Je suis favorable à cette évolution institutionnelle en Martinique. Mais sur d'autres questions, je ne vois pas bien ce à quoi il s'est engagé. Les Outre-mer n'échappent pas à des logiques. Sur la question des retraites, sur la question des inégalités, sur la question de qui va payer.  Il ne s'est pas engagé à taxer ce qui devrait être taxé. Les services publics paieront un prix cher. Et nous sommes très concernés. Quand on voit la situation de la santé chez nous, quand on voit la situation de l'éducation chez nous, quand on voit l'insuffisance des moyens en matière de sécurité, ça veut dire que toute coupe budgétaire impactera inévitablement les Outre-mer.

« Je préconise la stabilité »

Pour Frantz Gumbs, député centriste de Saint-Martin et Saint-Barthélemy, cela va dans le sens d'une stabilité pour les Outre-mer.

C'est un discours plutôt sage, qui recherche l'apaisement, le compromis. Et par conséquent, ça va dans le sens de ce que je préconise. La France ne peut pas rester trop longtemps à l'arrêt, d'autant plus qu’à chaque fois que la France est à l'arrêt ou au ralenti, les Outre-mer sont à l'arrêt et paralysés encore plus que la France. Évidemment, la Nouvelle Calédonie constitue une urgence. Il y a la préoccupation des Antilles par rapport à la vie chère, c'est vrai. Mais il y a plein d'autres sujets auxquels se préparent la Guadeloupe, la Martinique et la Guyane sur les évolutions institutionnelles, mais ça n'est pas à l’ordre jour. La déclaration de politique générale n'était pas le lieu pour développer tous les sujets au plan national comme pour chacun des Outre-mer. Moi, je préconise la stabilité parce que lorsque la France tourne au ralenti, les Outre-mer s'arrêtent. Ce n'est pas dans l'intérêt des Outre-mer qu'il y ait de l'instabilité et de l'indécision.


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