L'avocat Eddy Arneton jugé pour diffamation : la décision mise en délibéré au 28 mai
C'est à Paris qu'était jugé hier l'avocat martiniquais Eddy Arneton. Il faisait l'objet d'une plainte en diffamation d'une ancienne procureure du parquet de Fort-de-France pour des propos tenus dans le cadre de l'affaire Keziah Nuissier.
Dans ses réquisitions, la procureure du parquet de Paris s'est retranchée derrière la loi et la jurisprudence pour définir si la diffamation était pleinement caractérisée. Elle s'est arrêtée sur l'atteinte à l'honneur ou à la considération, la bonne foi, et enfin sur la véracité ou non des faits mentionnés qui va se baser sur l'examen de toutes les pièces du dossier.
S'il y a une base factuelle, vous prononcerez la relaxe. S'il n'y en a pas, vous devrez entrer en voie de condamnation
La défense demande la relaxe
Les avocats d'Eddy Arneton ont quant à eux plaidé la relaxe de leur client. Une évidence pour maître Philippe Edmond-Mariette :
Notre confrère, Eddy Arneton, n'a jamais pris à partie personnellement madame Karline Bouisset. J'en veux pour la meilleure preuve que le ministre de la Justice a écrit au chef de cour. Il a même écrit au bâtonnier de l'ordre des avocats en 2020, quand la conférence de presse s'est tenue. Il n'y a eu ni poursuite disciplinaire ni poursuite du corps, c'est-à-dire de la magistrature elle-même, à l'endroit de notre confrère. C'est d'ailleurs pour ça que j'ai utilisé la formule créole: "Pa pren di té pou la fièv ou pani". Je pense que madame Bouisset a voulu trop porter ce dossier-là, y compris de manière passionnée, en déposant cette plainte. Nous espérons que le 28 mai, la juridiction va purement et simplement relaxer notre confrère
François Saint-Pierre, avocat d'Eddy Arneton, en fait une affaire de principe :
On vit une époque troublée, que ce soit dans les Outre-Mers, en France. Qui nous dit que d'ici trois, quatre ans ou même moins ou plus, il n'y a pas un basculement de notre société dans un régime autoritaire, voire une dictature ? À ce moment-là, le contrepouvoir possible, c'est la justice. Et la justice, ce sont les avocats. Et si demain, Eddy Arneton devait être condamné pour une conférence de presse comme celle qu'il a tenue il y a quelque temps, ça veut dire que les avocats n'auraient plus la liberté de prendre la parole dans les médias pour dénoncer un abus de pouvoir politique ou judiciaire. Ce serait une catastrophe. Donc, il y a vraiment une question de principe et le jugement que doit rendre le tribunal de Paris est très important pour cette raison
Les témoins cités, dont Keziah Nuisier, se sont employés lors de cette longue audience à démontrer que les accusations formulées étaient fondées, notamment sur les saignements du militant anti-chlordécone lors de ses auditions.
Mon sang coulait et tâchait la moquette. J'ai essayé de le dire
Les protagonistes à la barre
Des déclarations que l'ancienne procureur adjointe au parquet de Fort-de-France a qualifié de fausses à la barre. Karline Bouisset a été présente au procès. Elle a notamment justifié son dépôt de plainte :
Je suis venue défendre sa dignité. J'ai été salie dans cette histoire quand on m'accuse d'avoir couvert des faux C'est invraisemblable. Je suis tellement meurtrie. C'est le contraire de mon éthique professionnelle et de la femme que je suis
Un peu plus tôt, à la barre, Eddy Arneton avait qualifié ce dossier et celui de Keziah Nuisser, "de scandales, de barbouzerie".
Quant aux propos qu'il a tenus :
Du premier au dernier mot de la conférence de presse, Je n'enlève rien
L'avocat a en revanche affirmé que les propos relayés dans les médias cités dans la procédure, n'étaient pas les siens ou avaient été recomposés.
L'affaire Keziah Nuissier doit être jugée le 1er décembre 2025 à Paris.








