Gestion du Covid-19 en Martinique et Guadeloupe : le Pôle Santé Publique de Paris est saisi
Dans les deux îles, plusieurs organisations syndicales et mouvements politiques ont porté plainte contre X pour dénoncer les manquements des autorités locales dans la gestion de la pandémie de coronavirus. Les parquets antillais sont dessaisis.
Six syndicats de la santé en Martinique (Convergences Infirmiers, CFDT, UGTM, FO santé, CDMT, CGTM) et quatre organisations en Guadeloupe (LKP, UGTG, MIR et CIPN) avaient porté plainte contre X pour dénoncer la gestion de la pandémie de Covid par les autorités locales. Les parquets de Fort-de-France et de Basse-Terre étaient saisis chacun de leur côté.
Dans les deux îles, des décisions de dépaysement viennent d’être rendues. C’est donc le Pôle Santé Publique de Paris qui sera en charge de traiter ces deux dossiers.
En Martinique, Daniel Francisco, le vice-président chargé de l’instruction, a rendu son « ordonnance de dessaisissement au profit du pôle santé publique de Paris » hier (mercredi 27 septembre).
Le Pôle Santé déjà saisi de 4 procédures
Les syndicats, représentés par un collectif d’une dizaine d’avocats, avaient déposé plainte contre X pour 3 griefs : « abstention volontaire des mesures destinées à combattre un sinistre dangereux pour les personnes ; mis en danger de la vie d’autrui et blessures involontaires ».
Dans son ordonnance, le juge constate que la procédure « met en cause des personnes publiques dans le cadre des actions entreprises par ces dernières dans la lutte contre l’épidémie de Covid ». Pour le magistrat, ces faits « d’une grande complexité en lien avec des décisions politiques sanitaires » relève de la compétence du Pôle santé de Paris.
Et cela, d’autant que quatre autres procédures du même type (qui concernent d’autres régions de France et d’autres dates) sont déjà entre les mains des juges parisiens.
En Guadeloupe aussi, le parquet de Basse-Terre est également dessaisi des plaintes déposées pour « homicide volontaire, blessures involontaires, mise en danger de la vie d'autrui, non-assistance à personne en danger et violation d'une obligation de sécurité ou de prudence »
Plainte de 30 pages en Martinique
Dans la plainte martiniquaise de 30 pages, les syndicats pointent, via leurs avocats, l’absence de schéma de prévention, des défaillances dans l’offre de soins, dans l’offre médico-sociale, au niveau des lits de réanimation, sur les équipements bio-médicaux comme les respirateurs ou encore les moniteurs).
Les avocats relèvent notamment que le contrôle relatif à l’oxygène dans les lits des malades, qui doit être réalisé tous les 6 mois, n’avait été effectué qu’en août 2021 par un ingénieur de l’AP-HP (Assistance Publique – Hôpitaux de Paris), alors que la Martinique attaquait déjà la 4ème vague de Covid-19.
De façon générale, les syndicats martiniquais estiment que les autorités, malgré le recul de plus d’une année sur l’épidémie, n’ont pas su apporter les réponses organisationnelles à la hauteur de la 4ème vague, comme, par exemple, des mesures d’isolement des malades avec des réquisitions de structures dédiées.