Airbags mortels : la justice de Guadeloupe s’empare du dossier face au nombre de victimes
Le procureur général de Guadeloupe, Eric Maurel a confirmé ce mardi 27 juin avoir missionné les deux procureurs de la République de Pointe-à-Pitre et Basse-Terre afin de recenser le nombre de dossiers et faire avancer les enquêtes.
La multiplication de ce type d'incidents a créé beaucoup d’émoi dans la population guadeloupéenne ces derniers mois. Plusieurs automobilistes ont été victimes d’airbags défectueux, entraînant parfois des drames mortels. En mai dernier, à Gourbeyre, une maman de 44 ans a succombé dans sa voiture et devant sa fille à un impact d’airbag arrivé en pleine tête.
Depuis plusieurs mois, la justice s'est emparée de ce dossier et a décidé de mettre en place un programme de prévention, avec l'ensemble des partenaires concernés, et notamment les familles impactées. Il s’agit d'approfondir les enquêtes en cours en vue de trouver des solutions.
Ce mardi, le procureur général, Eric Maurel, a accordé un entretien exclusif à RCI à ce sujet. Très vite, les deux procureurs de la République de Basse-Terre et Pointe-à-Pitre vont lui emboîter le pas en organisant une conférence de presse.
J’ai bien pris note de l’émoi que ces faits pouvaient avoir créé au sein de la population guadeloupéenne. Les deux procureurs de la République travaillaient sur ces enquêtes. L’une à Basse-Terre, après la mort dramatique d’une femme à bord de sa voiture alors qu’on pensait qu’on lui avait tiré dessus
D’autres enquêtes sont également ouvertes sur le ressort de Pointe-à-Pitre.
« J'ai entendu une détonation au visage »
Le procureur général a demandé aux procureurs de la République de recenser l’ensemble des dossiers pouvant s’apparenter à des problèmes d’airbags défectueux.
Fort heureusement, il n’y en a pas masse mais c’est déjà trop. Nous sommes en lien avec les hôpitaux pour voir aussi si nous n’en avons pas raté. Il y en aura d’autres. Il est certain, que les campagnes de rappel nous ont alertés aussi. Les investigations des procureurs de la République ou, éventuellement des juges d’instruction, vont se rapprocher des concessionnaires et des constructeurs, au-delà des fabricants de pièces. C’est une procédure de longue haleine
Interrogé il y a quelques jours par RCI Guadeloupe, Me Charles-Henry Coppet, avocat de plusieurs victimes, nourrissait le désir que la justice se saisisse de ce dossier.
On se rend compte qu’il y a beaucoup de victimes, aussi bien blessées que décédées. Leurs parents, les victimes indirectes, ont le désir que la justice se saisisse d’une telle affaire dans le cadre d’une instruction, avec constitution de partie civile pour avoir accès au dossier et participer à la manifestation de la vérité
Il n’exclue pas une action collective, face à ce type de faits.
Raïssa est une des victimes de ces airbags défectueux. Il y a deux ans, elle a été percutée par un véhicule qui n’a pas marqué son stop et dont le conducteur était au téléphone. Sonnée, c’est sa fille de 8 ans, qui l’a sauvée en « alertant la population » pour lui prodiguer les premiers soins.
Je n’ai pas vu le véhicule entrer sur moi. J’ai entendu une détonation dans le visage et j’ai commencé à perdre du sang. Je me suis réveillée hospitalisée, je n’ai pas trop de souvenirs. Je n’ai pas tenu longtemps au CHU, j’ai été transférée en Métropole car c’était trop grave », confie-t-elle, la voix chargée d’émotion.
S’en est suivi, pour elle, une longue rééducation et de nombreuses opérations.
A ECOUTER : Le témoignage poignant de Raïssa, victime d’un airbag défectueux.