Affaire de la résidence préfectorale : le jugement du procès de Rodrigue Petitot sera rendu vendredi matin

Par 22/01/2025 - 21:50 • Mis à jour le 23/01/2025 - 08:08

À l'issue de deux jours de procès marathon, les juges du tribunal correctionnel de Fort-de-France ont mis leur décision en délibéré concernant les faits de « violation de domicile » et « d'actes d'intimidation » à la résidence préfectorale. Le jugement sera rendu vendredi matin (24 janvier).

    Affaire de la résidence préfectorale : le jugement du procès de Rodrigue Petitot sera rendu vendredi matin

Les plaidoiries des avocats de la défense ont débuté ce mercredi soir, vers 18h50. Quelques minutes après une suspension d’audience et les réquisitions de la procureure de la République de Fort-de-France.

La magistrate, après avoir repris dans le détail chaque infraction reprochée au leader du RPPRAC, a demandé une peine qui « ne soit pas inférieure à 30 mois de prison, dont 15 avec sursis », ainsi que le maintien en détention de Rodrigue Petitot.

À l'extérieur du palais de justice, ses soutiens n'ont cessé, tout au long de la journée, de demander de « libérer le R ».

« Pas un dossier comme les autres »

Me Maya Saxemard est la première à plaider pour les intérêts du président du Rassemblement pour la Protection des Peuples et des Ressources Afro-Caribéennes.

Dans ce combat on va nous dire que la cause est juste mais les moyens ne sont pas bons mais on oublie l'histoire », lance-t-elle, évoquant le « procès d'un homme, d'un citoyen

Mais « un dossier comme les autres » : « il n'a pas estimé pour rien qu'il lui fallait 5 avocats ».

Me Max Bellemare soutient la même lecture du dossier. Il revient sur les luttes de l'histoire, la grève des ouvriers agricoles, sur les grèves de 2009.

Chaque fois que nous voulons quelque chose, il faut l'arracher. Il faut perdre notre liberté. Il faut des hommes comme monsieur Petitot qui s'investissent

Et l’avocat de la première heure assure avoir compris très tôt, « dès qu'on m'a appelé le 1er septembre pour un soi-disant vol de bus », que les choses seraient difficiles. Il évoque, pêle-mêle, la grande distribution, son histoire, la consommation des Martiniquais et « le problème relatif à ses acteurs ».

Pour lui, les infractions ne sont pas constituées.

Des faits contestés

Me Mélanie Luce revient, pour sa part, sur les nullités de garde à vue et notamment de la mesure de placement de vidéos surveillance. Elle dresse un « portrait totalement différent » de celui dressé par la procureure. 

Se battre pour la vie chère, se battre pour les citoyens. On est face à quelqu'un d'indigné et non quelqu'un qui conteste systématiquement l'autorité publique

Elle conteste la « violation de domicile » : « Non seulement nous ne sommes pas dans un jardin mais la porte était ouverte ».

Pour l’avocate, « l'acte de rentrer dans le jardin est un acte militant et plus largement une liberté d'expression ».

Relaxe totale demandée par la défense

Place à Me Eddy Arneton. L’avocat interpelle le tribunal. « Cette affaire vous impose de répondre à une question qui taraude beaucoup de personnes : la justice est-elle indépendante ? ».

On a un homme qui a connu les bas fonds, qui se bat pour une cause légitime. Un homme dont on doit se dire, c'est ça la réinsertion

Il parle d’une « audience ridicule ». « Il réitère que ce n’est pas le procès de la honte : c'est le procès de la honte et du mépris »

Pour lui, il y a des « mensonges » dans ce dossier : il réitère qu'il n'y a pas eu de violation de domicile et affirme qu'on a autorisé les membres du RPPRAC à entrer.

« Vous l'avez compris, nous demandons que monsieur Petitot soit intégralement relaxé », termine-t-il.

Décision mise en délibéré

20h45. Me Georges-Emmanuel Germany est le dernier à s’exprimer. Il décortique les procès-verbaux du préfet, des policiers concernés et estime, vidéos à l’appui, qu’ils ont menti.

Il s'adresse au tribunal : « vous allez commettre une injustice si vous suivez les réquisitions ». 

Après les derniers mots de Rodrigue Petitot, les juges mettent leur décision en délibéré.

La décision est renvoyée à vendredi matin, en visio-conférence, « le temps d'analyser les différents arguments et éléments du dossier », indiquent les magistrats.

À l'extérieur du palais, dans les rues du centre-ville de Fort-de-France, cette annonce a presqu'immédiatement donné lieu à des scènes de tensions

 


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